L’anse du panier
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 25 août 2018 11:02
- Écrit par Claude Séné
Vous connaissez l’expression « faire danser l’anse du panier » qui fait allusion à la pratique en usage chez les employées de maison bourgeoise, qui prélevaient une commission sur les commissions dont elles étaient chargées, en dédommagement de leur mission. De nos jours, les temps ont changé et l’on ne trouve plus guère de petit personnel, ma bonne dame. Cependant, l’anse du panier a toujours tendance à gigoter, et ce, pour le plus grand profit des enseignes de la grande distribution, qui ont pris le relais des domestiques indélicats.
L’association Familles Rurales vient de publier une étude bien instructive sur les prix des fruits et légumes, qui ont explosé cet été. Manger 5 fruits et légumes par jour, comme le recommande la faculté, relève de l’investissement à long terme et nécessite la mobilisation d’un budget en perpétuelle augmentation. Si l’inflation est officiellement contenue aux alentours de 1,5 %, grâce à l’influence des produits manufacturés, les produits frais ont, eux, bondi de 4 à 5 %, avec des pics relativement incompréhensibles, comme le renchérissement de la carotte, qui a « pris » 43 % en un an. Pour une famille moyenne de 4 personnes, il faudra compter un budget de 115 à 255 euros par mois, selon qu’elle se fournira en hard discount ou en agriculture biologique, plus saine, mais deux fois plus chère, donc. Selon une autre étude, les ¾ des fruits et la moitié des légumes présentent en effet des traces de pesticides. Seuls les consommateurs les plus aisés sont donc en mesure de se payer une alimentation qui leur permette simplement de ne pas s’intoxiquer. Ne parlons même pas de l’aspect gustatif. Il suffit de se procurer une tomate produite artisanalement pour mesurer le gouffre qui s’est creusé avec le produit industrialisé vendu sous le même nom en grande surface.
Si au moins cette augmentation des prix pour le client s’accompagnait d’une revalorisation des revenus des exploitants agricoles, nous pourrions y trouver quelque consolation, mais il n’en est rien. Au nom de la défense du consommateur, les patrons de la grande distribution continuent à pressurer les producteurs, qui peinent à tirer un revenu rémunérateur de leur activité. Même la très conservatrice FNSEA tire la sonnette d’alarme en organisant des barrages filtrants pour offrir des produits et attirer l’attention sur le sort des agriculteurs. De son côté, la confédération paysanne a organisé une vente directe de fruits et légumes à Paris et des producteurs du Lot-et-Garonne ont proposé récemment 50 tonnes de marchandises aux Parisiens au prix coûtant. Des initiatives dont on attend qu’elles soient relayées par les pouvoirs publics, désespérément inactifs sur ce terrain.
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