Le diable boiteux
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 6 juillet 2018 10:25
- Écrit par Claude Séné
Souvenons-nous. Pour se faire élire, Emmanuel Macron a proclamé haut et fort qu’il souhaitait s’appuyer à la fois sur la droite et sur la gauche, chacune étant considérée comme indispensable, à la façon de nos deux jambes. Si l’on a bien vu l’influence de la jambe droite depuis qu’il est parvenu au pouvoir, celle de la jambe gauche tarde à se faire sentir. C’est pourquoi les zélotes du président des riches faisaient miroiter un plan anti-pauvreté, supposé rééquilibrer la démarche présidentielle, tellement claudicante que cela finit par se voir et que l’exécutif baisse dangereusement dans les sondages.
Annoncé pour le mois de mai, reporté au mois de juin, puis en juillet, le fameux plan sera finalement dévoilé en septembre. Enfin, en principe. La communication autour de ce projet est en effet catastrophique. Voilà que la ministre de la Santé a cru de son devoir de justifier le calendrier de la réforme par l’agenda présidentiel et les résultats de l’équipe de France de football, avant de se rétracter et d’invoquer d’ultimes arbitrages pour finaliser le texte. Cette fois, je veux bien la croire. Après les ballons d’essai sur la suppression des aides sociales ou des pensions de réversion et les provocations sur le pognon de dingue, il apparait de plus en plus clairement que l’état n’aura pas les moyens de raser gratis tout en résorbant à la fois la dette et le déficit public. Le projet de budget s’annonce difficile, et l’on sait par avance que ce n’est pas dans la poche droite des riches que le gouvernement prendra l’argent destiné à sa poche gauche, celle des pauvres.
Car si « pauvreté n’est pas vice », pour ce gouvernement, les 14 % officiellement reconnus comme pauvres l’ont quand même un peu cherché, ou n’ont pas tout fait pour s’en sortir, comme par exemple écraser les copains pour être premiers de cordée à leur place. Il ne faut donc pas s’attendre à grand-chose d’autre qu’une série de mesures cosmétiques, destinées à maquiller la situation tout en culpabilisant les victimes des inégalités les plus criantes. Il paraît que tout être humain a une jambe plus courte que l’autre. Dans le cas d’Emmanuel Macron, il n’est pas difficile de deviner laquelle. Et ce serait pour cette raison que, livrés à nous-mêmes dans un environnement inconnu, sans points de repère, comme une forêt, nous finirions inexorablement par tourner en rond. Et c’est bien ce que fait ce gouvernement, et son président tout-puissant, prisonniers d’une logique qui veut qu’il soit plus facile de prendre 1 euro à 1000 personnes que 1000 euros à une seule, et qui, par-dessus le marché, préfère reverser ces 1000 euros à ceux qui ont déjà le nécessaire, et même le superflu.