L’art de la négociation

Si vous avez eu l’occasion d’acheter récemment une voiture ou un salon, vous avez pu constater que le prix affiché n’est jamais appliqué. Avant même que vous ayez ouvert la bouche, le vendeur vous informe de votre bonne fortune qui va vous faire bénéficier d’un rabais exceptionnel, ce qui vous permettra d’emporter le morceau pour une bouchée de pain. Pour peu que vous fronciez involontairement les sourcils, le préposé à la vente, après s’être exclamé : « vous, vous êtes dur en affaires, dites donc ! » s’éclipsera pour consulter son directeur, seul habilité à consentir des ristournes encore plus exceptionnelles.

On imagine que c’est à peu près sur ce modèle que se sont déroulées la plupart des négociations entre l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron et les propriétaires de salles ou les organisateurs prestataires de service, si l’on en juge par les tarifs préférentiels appliqués aux réunions électorales du futur président de la République. Même chez Tousalon, il est rare que l’on coupe la poire en quatre. C’est pourtant ce qu’a fait Jean-Marc Dumontet, avec un prix d’ami de 3 000 euros au lieu de 13 000, à deux reprises, pour offrir la salle de Bobino et celle du théâtre Antoine à son copain Macron. Cette pratique, loin d’être un cas isolé, s’est répétée fréquemment, et la presse a pu le vérifier assez facilement, contrairement à la commission de contrôle des comptes de campagne, qui a validé sans sourciller des dépenses s’apparentant à des subventions déguisées, relevant du favoritisme partisan, quand elle cherchait des poux dans les têtes insoumises, suspectes par nature. L’affaire serait déjà choquante si cette pratique était généralisée à l’ensemble des formations politiques, mais il semble qu’elle ne touche que la formation du président, dont la défense est confondante de fausse naïveté. Il semblerait que l’équipe d’Emmanuel Macron est composée exclusivement d’as de la négociation et de princes du marchandage, dont les autres formations seraient totalement dépourvues, le président ayant tout raflé.

Bizarrement, j’ai un peu de mal à y croire. Ces pratiques me paraissent s’apparenter davantage aux méthodes utilisées par les spécialistes des offres que l’on ne peut pas refuser, si vous voyez ce que je veux dire. Dans le meilleur des cas, les généreux donateurs auraient fait un geste « spontané », en se disant que cela ne mangeait pas de pain, mais certains seraient peut-être plus calculateurs en envisageant leur mise comme un investissement pouvant rapporter gros. Quoi qu’il en soit, on ne peut que regretter l’absence dramatique de ces négociateurs hors pair au cours du sommet du G7. Leur savoir-faire aurait été extrêmement utile pour raisonner le forcené auteur d’une prise d’otage sans précédent, qui a mobilisé six chefs d’état et de gouvernement avant de les planter grossièrement, comme un rustre qu’il est.

Commentaires  

#1 jacotte 86 11-06-2018 10:35
comme tu as l'air de bien connaitre les ficelles on aurait été bien inspiré de t'inviter au G7...
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