Méthodes de voyous
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 20 avril 2018 10:40
- Écrit par Claude Séné
Je ne partage pas, et de loin, la plupart des positions que défend le président du groupe parlementaire les Républicains à l’Assemblée nationale, Christian Jacob, mais je dois reconnaitre qu’il a eu raison dans le débat très vif qui l’a opposé à Mme Jacqueline Gouraud, ministre chargée de seconder Gérard Collomb, le ministre de l’Intérieur, dont les attributions sont plutôt floues. Mme Gouraud s’est fâchée tout rouge après qu’un député a eu l’outrecuidance de réclamer une réponse ministérielle sur un projet supposé de régularisation de sans-papiers.
Pour elle, il s’agit là de « méthodes autoritaires » que « d’obliger un ministre à répondre », qui « ne sont pas acceptables dans une démocratie ». Si c’est la conception de la démocratie de ce gouvernement, je n’ose pas imaginer ce qu’il entendrait par un pouvoir personnel. Ou alors, Mme Gouraud exprime tout haut une vérité qui ne serait pas bonne à dire. Celle selon laquelle le parlement ne serait qu’une chambre d’enregistrement de décisions prises dans le secret du cabinet présidentiel et dont les ministres ne seraient qu’un maillon dans la transmission jusqu’au vulgum pecus, la plèbe, les gueux que sont les simples citoyens par rapport aux premiers de cordée. Quelques indices me confortent dans cette direction. De rares députés élus sous l’étiquette de la République en Marche se sont émus des dispositions les plus négatives de la loi en discussion sur l’immigration. Le président du groupe, Richard Ferrand, leur a aussitôt signifié que ceux qui ne voteraient pas le texte gouvernemental seraient tout simplement exclus. On voit par là où se situe l’autoritarisme, et ce n’est pas du côté des députés, rabaissés au rang de godillots quand ils sont dans la majorité, ou réduits à la portion congrue quand ils sont dans l’opposition.
Quant à la fameuse concertation dont se gargarise le président jusqu’à l’écœurement, on voit aujourd’hui ses limites. Ainsi de l’annonce unilatérale de la fin du statut des cheminots au 1er janvier 2020, assortie de la fermeture de négociations qui n’ont jamais commencé. Emmanuel Macron lui-même précise bien qu’il peut entendre les colères, mais qu’il n’en tiendra aucun compte. Le gouvernement saccage la démarche de fin de crise à Notre Dame des Landes en refusant de prendre le temps de la discussion avec les jusqu’au-boutistes, prenant le risque d’un embrasement sans enjeu après l’abandon du projet d’aéroport. Il emploie la manière forte pour déloger les étudiants opposés à sa réforme et fait passer les examens sous la protection des mitraillettes, tout un symbole. Toutes proportions gardées, il me fait penser au discours de De Gaulle en 1961 à propos du putsch manqué de l’OAS : « ce pouvoir a une apparence, un quarteron de généraux en retraite, il a une réalité : un groupe d’officiers, partisans, ambitieux et fanatiques ».
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