Imposture

La grande mode pour nos dirigeants, c’est d’assumer. Tout le monde assume ses positions réactionnaires. Du temps de Sarkozy, ils étaient « décomplexés », mais au fond c’est la même chose. Le principe, c’est de faire ce que l’on veut, comme on veut, quand on veut, où en veut, et on emmerde les mauvais coucheurs qui ne comprennent rien à rien. Édouard Philippe « assume » l’impopularité des limitations de vitesse. Très bien, mais ce n’est pas l’abolition de la peine de mort, non plus. Par contre, Emmanuel Macron n’a même pas le courage de se présenter à visage découvert sur la question de l’immigration.

Ce n’est pas pour rien que le président a fréquenté les Jésuites au collège de la Providence à Amiens. Il en a gardé l’onctuosité, la fausse bienveillance, et surtout la rhétorique. Le fond de sa pensée concernant l’immigration est simple à comprendre : moins il y aura de candidats à l’asile, plus la France pourra masquer le fond du problème, lié au déséquilibre massif entre pays pauvres et pays riches, sans laisser voir une discrimination inacceptable entre les malheureux de toutes origines. Les associations ne sont pas dupes de cette attitude hypocrite qui consiste à prétendre que l’on expulse les gens pour leur propre bien, pour leur éviter le sort peu enviable des migrants que l’on refuse d’accueillir. Cette mauvaise foi est écœurante. J’en arriverais presque à regretter qu’Emmanuel Macron, secondé par un ministre de l’Intérieur aux ordres, ne dise pas clairement, comme Donald Trump, qu’il ne veut pas d’immigrés provenant de « pays de merde ». Ce serait moins faux-cul que prétendre avoir des sentiments « humains » tout en prouvant le contraire tous les jours. Les quelques réfugiés réussissant à passer les barrages et obtenant le droit d’asile servent d’alibi pour justifier les expulsions massives de ceux qui n’auraient pas « vocation » à rester dans le pays. Je t’en ficherais de la vocation, moi, à ces nantis bien nourris qui s’arrogent droit de vie et de mort sans que cela leur coupe l’appétit.

Oui, je suis en colère quand un arriviste arrogant se permet de balayer d’un revers de main la dénonciation d’une politique inacceptable par un intellectuel qu’on accuse d’avoir « de faux bons sentiments ». Il faut dire que Jean-Marie Gustave Le Clézio n’a guère de titres, à part un vulgaire prix Nobel de littérature, à côté du parcours exemplaire de notre président, recalé à Normale Sup. il faudra donc désormais présenter un certificat d’authenticité de sa générosité pour contredire la politique inadmissible du pouvoir ? jusques à quand les Français supporteront-ils cette imposture ?

Commentaires  

#1 poucette 12-01-2018 12:31
heureusement que des multiples initiatives 'actives et généreuses trouvent des solutions pour répondre à un accueil digne de ce nom (ce soir sur LCP Welkom chez nous)ceci permet de ne pas désespérer du genre humain....
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