Dans le dur

Ça y est ! à la fin d’une longue séquence électorale où c’est surtout le verbe qui a prévalu, nous voici donc rentrés dans l’action gouvernementale et avec elle les premières difficultés sont apparues. Et ce n’est qu’un début. À peine nommé ministre de l’Agriculture, Monsieur Stéphane Travert, qui a pourtant fait des études de Droit, s’est empressé de donner satisfaction aux lobbies conjugués des syndicats agricoles productivistes majoritaires et des industries de produits phytosanitaires en évoquant une remise en cause de certaines lois interdisant l’emploi de pesticides tueurs d’abeilles.

Pour cette fois, Nicolas Hulot, qui s’est opposé fermement à cette idée, a eu gain de cause, en mettant probablement sa démission dans la balance. Il se trouve cependant dans la position du joueur de poker contraint de miser son tapis sur chaque pot pour ne pas être obligé de quitter la table. Jusqu’au jour où Macron le lâchera, et où il mettra sa menace à exécution. La question n’est pas de savoir si, mais quand cela arrivera. Car des intérêts financiers énormes sont en jeu derrière la question environnementale, et les maitres Jacques du gouvernement vont devoir faire plus avec moins d’argent. Le ministre de l’Économie, Bruno le Maire a posé ses jalons : l’état va être obligé de se serrer la ceinture pour se mettre dans les clous de l’Union européenne et tenir les engagements du candidat Macron, c’est-à-dire réduire le déficit en deçà de 3 % du PIB, sans augmenter la fiscalité.

Le ministre de l’Éducation, de son côté, doit résoudre la quadrature du cercle pour tenir la promesse de dédoubler les classes de CP dans toutes les zones d’éducation prioritaires, tout en disposant de moyens constants, au mieux. Dans certains départements, il devra même pallier la pénurie et renoncer à une autre initiative de lutte contre l’échec scolaire avec l’opération « plus de maitres que de classes ». Les dotations sont déjà arrêtées pour la rentrée prochaine, et l’on ne pourra que bricoler à la marge pour afficher une réforme dont on n’est même pas sûr de l’efficacité, faute d’expérimentation préalable. On va donc procéder comme d’habitude en déshabillant Saint Pierre pour habiller Saint Paul et en tapant par exemple dans les effectifs prévus pour suivre les évolutions démographiques de dernière minute. Les nouveaux ministres vont bientôt recevoir leurs lettres de cadrage et feront le constat, pour la plupart, qu’ils disposeront de moyens inférieurs à ceux de leurs prédécesseurs, mais qu’ils devront atteindre des objectifs plus ambitieux. Cela ne devrait pas les étonner, eux qui viennent souvent de l’entreprise et qui s’en flattent, mais ils savent aussi qu’ils sont entrés dans le dur et que certains n’y survivront pas.

Commentaires  

#1 Jacotte massé 27-06-2017 12:04
comme dit Cabrel "c'est que le début d'accord d'accord...
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