Thérapie de couple

« Le chef, c’est moi. Maman est juste le décisionnaire ». Cette réplique est issue du film de Woody Allen, Maudite Aphrodite, sorti en 1995, et me parait refléter la situation à l’intérieur du couple exécutif qui gouverne la France actuellement. Officiellement, le Premier ministre, conformément à la constitution, détermine et conduit la politique de la nation. Il est le chef du gouvernement et c’est lui qui était chargé de mener la campagne des législatives. Cependant, il n’est pas nécessaire d’être grand clerc pour comprendre qui dans le couple porte la culotte.

Ce n’est pas nouveau, sous la 5e république, c’est le Président qui commande et le Premier ministre exécute. Nicolas Sarkozy avait résumé la situation à sa manière, méprisante comme d’habitude, en traitant son Premier ministre, François Fillon, de « collaborateur ». Ce lien de subordination est dû au pouvoir de révocation exercé par le Président. C’est lui qui nomme, et c’est lui qui accepte ou non la démission du gouvernement. Paradoxalement, c’est cette capacité de démissionner qui reste la seule arme du Premier ministre et lui permet de s’émanciper de la tutelle du Président. Georges Pompidou utilisera cette possibilité en 1968 pour mieux préparer sa future candidature, et Jacques Chirac en fera de même en 1976. L’un comme l’autre seront élus présidents à leur tour, et devront s’accommoder de Premiers ministres plus ou moins malléables. Chirac va également inaugurer une curiosité de notre régime en devenant le Premier ministre de François Mitterrand en 1986, dans ce que l’on va appeler la cohabitation, avant de subir le même sort en nommant Lionel Jospin après la dissolution ratée de 1997.

Depuis lors, l’inversion du calendrier a renforcé la prééminence présidentielle et rendu la cohabitation improbable, sinon impossible. Bien que Édouard Philippe et Emmanuel Macron ne soient pas issus d’une même formation politique, c’est le second qui décide et le premier qui applique. L’hétérogénéité des soutiens au Président de la République ne fait que renforcer son pouvoir. Tous, ministres ou députés, doivent tout au Président, dont ils tirent leur légitimité, et qui peut les renvoyer au néant dont beaucoup sont issus. Le remaniement du gouvernement a fait disparaitre quelques-unes des rares personnalités capables de faire de l’ombre au Président, au profit de techniciens, que d’aucuns nommeront technocrates, chargés de mettre en musique la partition définie par Emmanuel Macron. Celui-ci feint de se mettre en retrait, mais est en réalité omniprésent et contrôle la communication élyséenne jusque dans les moindres détails, en mettant en scène la parcimonie de la parole présidentielle. Après l’hyperprésident Sarkozy, le Président « normal » Hollande, place à l’omni Président Macron, Jupiter d’une Olympe entièrement dévouée à son service. Après la lune de miel, à quand l’usure du couple ?

Commentaires  

#1 poucette 26-06-2017 16:28
et voilà Nicolas hulot qui regimbe...
ce qui était à prévoir
.on va voir comment le grand chef va régler le problème Poucette
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