Empêchement
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 17 mai 2017 10:34
- Écrit par Claude Séné
La route est encore longue qui pourrait amener le Congrès américain à prononcer une mesure d’« impeachment », telle que celle dont le président Nixon a été menacé et qui l’a conduit à démissionner en 1974 après le scandale du Watergate. Cette hypothèse ne paraît toutefois plus aussi improbable qu’auparavant, tant Donald Trump accumule ces derniers temps les gaffes et les bévues, tout en traitant l’opinion et les représentants élus avec une désinvolture qui confine au mépris. La procédure prévoit une phase de mise en accusation devant la chambre des représentants et une phase de procès devant le Sénat.
Pour décider de la mise en accusation, il est nécessaire d’obtenir un vote à la majorité simple à la chambre des représentants, soit 218 voix, alors que l’opposition démocrate n’en compte que 193. Le complément pourrait venir de Républicains exaspérés par le comportement de Donald Trump, dont ils n’ont pas souhaité la candidature. Les choses sont plus difficiles au Sénat, car il y faudrait une majorité des deux tiers des 100 sénateurs qui représentent les 50 états, alors que le parti républicain y détient la majorité absolue avec 51 sièges. L’autre aspect du problème, c’est d’établir la matérialité des faits susceptibles d’entraîner une telle procédure. Il s’agit nécessairement de trahison, de corruption ou d’un crime ou un délit majeur.
Que peut-on reprocher à Donald Trump ? Le péché originel semble bien être la collusion de fait entre son équipe de campagne et les services secrets russes, soupçonnés d’être intervenus pour disqualifier son adversaire démocrate, Hillary Clinton. C’est sur cette affaire que le directeur du FBI enquêtait avant d’être limogé par le président Trump sous le prétexte fallacieux d’une incompétence supposée. Le personnage-clé de cette affaire, Michael Flynn, ex-conseiller de Trump à la sécurité nationale, aurait eu des contacts réguliers avec les services russes, et le président aurait demandé au directeur du FBI d’abandonner son enquête au motif qu’il s’agissait « d’un bon gars ». Après l’avoir viré comme un malpropre selon la technique utilisée dans son émission de téléréalité, il l’a menacé à mots couverts de représailles s’il dévoilait les conversations privées qu’ils avaient eues. Mais la cerise sur le gâteau pourrait bien être la dernière bourde du président, qui semble avoir eu la langue trop longue au cours de discussions avec le ministre russe des Affaires étrangères. Pour le seul plaisir de se faire mousser, Donald Trump aurait révélé des renseignements classifiés sur Daech, mettant ainsi en péril la sécurité des sources et en embarrassant les chancelleries des pays « amis » ainsi impliqués à leur corps défendant. Le plus embêtant pour Trump, c’est que toutes ces révélations se retrouvent dans le New York Times, qui pourrait jouer un rôle similaire à celui du Washington Post pour le Watergate.