Du passé faisons table rase

C’est pour avoir pris un peu trop au pied de la lettre cet extrait de l’Internationale que Thierry Lepaon se retrouve au centre d’une tempête médiatique. Le Canard enchaîné, après avoir révélé les coûteux travaux de rénovation de l’appartement du secrétaire général de la CGT, remet ça avec la réfection du bureau au siège confédéral de Montreuil. Des dépenses somptuaires (105 000 et 62 000 euros respectivement) qui font désordre en pleine crise financière dont les adhérents de la CGT subissent les effets de plein fouet.

 

Même si Thierry Lepaon affirme que les Français ne s’intéressent pas au sujet et que ces travaux étaient nécessaires, cette affaire illustre « la mauvaise passe » que traverse l’organisation, de l’aveu même de son ancien dirigeant, Bernard Thibaut. La partie immergée de l’iceberg est probablement la lutte d’influence souterraine qui couve depuis la nomination difficile de Thierry Lepaon à la tête du syndicat au terme d’une guerre de succession qui a laissé des traces. Si le PS a ses « frondeurs », la CGT a ses « rebelles », quatre membres du Comité confédéral national, qui réclament un audit des finances.

Les fuites qui ont permis les révélations du Canard viennent probablement de très haut dans l’appareil du syndicat et montrent l’ampleur de la scission. La CGT a du mal à parler d’une seule voix ces temps-ci, notamment par rapport aux initiatives du Parti de gauche, certaines fédérations ou Unions départementales ont participé aux manifestations contre l’austérité quand la direction nationale s’en abstenait. Cette fragilisation intervient au plus mauvais moment juste avant les élections professionnelles dans la fonction publique prévues le 4 décembre. Et ce n’est peut-être pas fini. Le refus de transparence de Thierry Lepaon fait craindre de nouvelles révélations. Le numéro un de la CGT aura besoin du soutien du CCN pour faire passer ses projets de reprise en main du syndicat et de restauration de son autorité. Il est loin de lui être acquis. À travers lui, c’est le syndicat, et même le syndicalisme sinon le mouvement ouvrier dans son ensemble qui en sort encore affaibli dans une période où l’on en aurait le plus grand besoin.