Distribution pour tous ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 23 novembre 2014 10:42
- Écrit par L'invitée du dimanche
C’est un mot qui m’a interpellée en écoutant une interview de Michel Édouard Leclerc, car il m’a évoqué, loin des préoccupations mercantiles, la distribution des prix organisée autrefois à la fin de l’école ou la répartition des rôles dans une pièce de théâtre… Comme on est loin de nos jours de cette image, quand le terme de distribution, très souvent assorti de l’adjectif petite ou grande, évoque surtout le commerce, comme s’il était tombé définitivement dans le domaine économique et plus tellement dans la gratification ou l’art.
La distribution c’est l’action de répartir des choses, des personnes selon différents critères, ou le résultat de cette action. Si l’on se penche sur le système de la grande distribution représentée par les hypermarchés ou les grands commerces spécialisés, on découvre un monde où les critères de distribution sont avant tout calculés pour générer les plus grands profits, avec hypocritement le mobile d’être au service du client !
Personne pourtant n’est dupe, qu’on se rende à Carrefour, première multinationale européenne, chez Auchan ou chez Leclerc, on sait bien que l’on n’a pas affaire à des mécènes, mais chacun regardant son porte-monnaie, on est complice du système. Il m’arrive par urgence de me rendre à l’épicerie de mon village, les fruits et les légumes y sont de 30 % plus chers, et le choix restreint… Alors comme tout monde je vais là où je trouve mon avantage, et je participe à la disparition des petits commerces.
Il y a tant à dire sur le merchandising de ces grandes surfaces, miroir de notre société de consommation, que j’y reviendrai. Elles sont capables « de créer un îlot de pertes dans un océan de profits », elles exploitent leurs employés et bafouent parfois la législation, ou profitent du système social, payées en principe pour assurer la formation des chômeurs, elles les utilisent à des travaux de manutention sans les former, et les jettent ensuite à la rue.
Que penser de leur principe de rendre impropres les produits invendus, pour empêcher la récupération par ceux qui ne peuvent franchir la porte de leur magasin, encourageant peut-être le vol à l’étalage, appelé élégamment « démarque inconnue » qui a été bien sûr prise en compte dans le calcul du prix de vente.
À moins qu’ils ne les revendent au hard discount pour une clientèle qui, faute de moyens, saura se contenter de produits à la limite de la consommation, avant d’aller aux restos du cœur ! Là c’est vrai que la distribution sera gratuite, en espèces sonnantes, mais pas en souffrance.
On pourrait parler aussi de la concurrence effrénée, qui pousse à rester ouvert sept jours sur sept, entraînant la fin du dimanche de repos, et aussi de cet appétit sans limites qui les fait contrôler la culture, les voyages, les crédits, le téléphone, l’énergie… enfin tous les secteurs de notre activité.
Bon vous l’aurez compris ce n’est pas de gaieté de cœur que je leur donne mon argent, participant à la distribution générale, mais je regrette celle, gratuite, de compliments par exemple, de bonbons pourquoi pas, et je pourrais peut-être me consoler avec celle des cadeaux de Noël que j’aurai plaisir à recevoir ou à donner.
L’invitée du dimanche