Le chevalier à la Triste Figure
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 21 novembre 2014 10:51
- Écrit par Claude Séné
Il s’est transformé en homme de l’année aux yeux des Français, du moins si l’on en croit les médias. Jusqu’aux Inrockuptibles qui ont titré sur la « Juppé mania » en lui consacrant l’essentiel d’un de leurs numéros, cependant que la presse lui déroule le tapis rouge depuis qu’il caracole en tête des sondages d’opinion. Une popularité dont lui-même doit s’étonner tout en s’en réjouissant, tant il revient de loin en termes d’image.
Que la droite classique, qui craint les excès d’un Nicolas Sarkozy imprévisible et rejeté par une partie de l’opinion, voie en lui un recours pour les présidentielles de 2017 n’a au fond rien d’étonnant. Alain Juppé n’a jamais vraiment quitté le sérail et il a profité de la crise à l’UMP et du psychodrame Copé-Fillon pour accréditer l’idée qu’il pouvait incarner la sagesse et l’expérience en participant au triumvirat chargé d’expédier les affaires courantes en attendant l’élection d’un nouveau président du parti. Le traitement de faveur que lui réserve une partie de la gauche est en revanche plus surprenant. Entendre un Stéphane Guillon lui tresser des couronnes pour son intervention télévisée a de quoi laisser pantois.
Même si l’on met de côté sa condamnation pour les emplois fictifs de la mairie de Paris, dont on sait qu’il a payé pour Chirac, il est quand même à la manœuvre dans plusieurs dossiers pour lesquels il ne peut pas prétendre aux félicitations du jury. Quand, en 1995, il intervient pour faire baisser le loyer de l’appartement de son fils, et que l’on apprend que lui-même est logé luxueusement, mais à un prix dérisoire aux frais du contribuable, c’est bien lui, et lui seul, qui en est responsable. Comme premier ministre, il s’est aussi illustré par des projets de réforme sur la sécurité sociale notamment qui mettront des milliers de Français dans la rue, le forçant à renoncer à ses intentions. À l’époque, il illustrera sa rigidité mentale par une formule qui lui colle à la peau quand il déclarera vouloir « rester droit dans ses bottes ».
Cette soudaine promotion en rappelle une autre, quand Édouard Balladur était devenu le chouchou de la presse et de l’intelligentsia parisienne face à Jacques Chirac en 1995. Donné gagnant dans un fauteuil par tous les instituts de sondage, il était finalement devancé par Chirac et tombait ainsi dans les oubliettes de l’histoire.