Et voilà le travail !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 21 janvier 2017 10:42
- Écrit par Claude Séné
La proposition de revenu universel avancée par Benoît Hamon, que l’on soit d’accord ou non avec cette mesure, aura eu le mérite de faire réfléchir les électeurs potentiels de la primaire de gauche sur la place du travail dans notre société. Et si l’on observe les débats qui ont abouti à la désignation de François Fillon comme candidat de la droite et du centre, une idée-force, ce n’est déjà pas si mal, comparé à la discussion démagogique sur le nombre de postes de fonctionnaires à supprimer.
Cette idée de servir un revenu de base à tous les citoyens à partir de 18 ans et pour le reste de leur vie a été critiquée pour de bonnes et de mauvaises raisons. La pire étant probablement de faire croire que le travail en serait déconsidéré et que la société serait encombrée de parasites et de paresseux. Le constat est pourtant largement partagé. La quantité de travail disponible dans nos sociétés occidentales a tendance à se réduire par rapport à la demande. En France, cela se traduit par une hausse du chômage et un traitement social des laissés pour compte. En Angleterre ou en Allemagne, il y a moins de chômeurs, mais plus de travailleurs précaires, ce qui est une autre façon d’organiser la pénurie. Aux États-Unis, si le taux de chômage est bas, le taux d’emploi de la population active l’est aussi, et beaucoup d’Américains en sont réduits à occuper deux voire trois emplois à temps partiel pour s’en sortir chichement. Où est le progrès ?
C’est à partir de ces constatations qu’est née la réforme de la semaine de travail mise en place par Martine Aubry dans les années 2000 sous le gouvernement Jospin. Les 35 heures étaient supposées permettre un meilleur partage du travail, et favoriser l’embauche de personnes écartées du marché de l’emploi. Les conditions de leur mise en œuvre n’ont pas toujours été satisfaisantes, notamment dans les services publics, mais malgré les vives critiques dont elles ont fait l’objet de sa part, la droite ne les a jamais abrogées. Et pour cause. La durée effective du travail est en France de 38 heures hebdomadaires, contre 35,6 en Allemagne, 36,9 au Royaume-Uni et même 30,8 au royaume du Danemark, qui n’est pas si pourri, finalement, contrairement à ce qu’affirme Shakespeare dans Hamlet. On pourrait donc diminuer encore la durée légale du travail, mais on voit bien les résistances au changement qu’entraînent des décisions étatiques. L’avantage d’un revenu universel, quelle que soit sa forme, c’est de jouer sur l’incitation, de tabler sur le fait que l’attrait du travail et du revenu qu’il génère sera plus fort que la tentation de vivoter avec un faible viatique. Une idée à creuser.