Le glaive et la balance
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 28 novembre 2016 10:40
- Écrit par Claude Séné
La semaine passée a été chargée sur le plan judiciaire, avec deux décisions qui ont suscité l’incompréhension du public. La première concerne le rejet en appel de la demande de libération conditionnelle de Jacqueline Sauvage. La seconde, c’est le verdict dans le procès des meurtriers présumés de la petite Fiona, dont on n’a jamais retrouvé le corps. Si le rôle du glaive, le bras armé de la justice, est bien présent dans ces affaires, on peine à identifier celui de la balance, censé symboliser l’équilibre nécessaire dans le cours de la justice.
Plus que jamais, la justice a présenté son aspect le plus négatif et son aveuglement dans la décision de maintenir Jacqueline Sauvage en détention pour la punir de se sentir victime après seulement 47 années de calvaire et manquer de remords pour avoir ôté la vie à son bourreau. La cour a estimé qu’elle devait y réfléchir encore et surtout arrêter de mobiliser les médias qui ont la prétention insupportable d’avoir raison contre la justice. L’institution judiciaire est indépendante et c’est bien ainsi. Cela ne la met pas à l’abri de commettre des erreurs. Encore faut-il être capable de les reconnaitre et de les corriger. C’est ce qu’elle fait le plus mal, comme en témoigne l’affaire Seznec, dont la réhabilitation se heurte depuis près d’un siècle à un déni systématique et au mythe de l’infaillibilité judiciaire. Énorme coïncidence d’une société schizophrène, le rejet de la demande de libération de Jacqueline Sauvage a été annoncé la veille de la journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes.
Dans l’affaire du meurtre présumé de la petite Fiona, le ministère public avait réclamé la même peine pour la mère et pour son compagnon, qui s’accusaient mutuellement d’être responsables de sa mort, tout en se déclarant innocents des accusations de coups ayant entrainé la mort. Faute d’aveux et de preuves formelles de leur culpabilité, et en l’absence du corps de la victime, que les accusés ont été incapables de retrouver, deux attitudes étaient possibles. Une condamnation a minima pour les seuls chefs d’accusation reconnus par les accusés, la non-assistance à personne en danger et la dénonciation mensongère de crime principalement, ou bien une condamnation plus lourde sur la base des présomptions graves et concordantes qui pesaient sur eux. De façon incompréhensible, la cour d’assises a retenu la première hypothèse pour la mère et la seconde pour son compagnon en les condamnant respectivement à 5 et 20 années d’emprisonnement. Il faut croire que la parole de Mme Bourgeon a été plus crédible que celle de Mr Makhlouf, elle qui a menti face aux caméras en prétendant que Fiona avait été enlevée. Fragilité de la justice qui se base souvent sur des impressions pour bâtir son intime conviction.