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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 31 août 2016 10:19
- Écrit par Claude Séné
Depuis le temps que l’on se demandait ce que faisait Emmanuel Macron dans un gouvernement de gauche, même aussi tiède que celui-là, il a fini par démissionner, faute de pouvoir se faire virer malgré d’incessantes provocations. Il lui faudra donc renoncer à d’éventuelles indemnités de licenciement, mais il escompte de plus larges bénéfices personnels en quittant volontairement son poste pour se consacrer à sa carrière politique. Sa trajectoire, qui se veut en dehors des partis traditionnels, m’a rappelé celle d’un personnage aujourd’hui disparu et largement oublié, qui se définissait comme étant « ailleurs ».
Cet homme c’est Michel Jobert, dont Coluche dira qu’il était « un petit mal entendu » à cause de sa petite taille. Il sera directeur de cabinet de Georges Pompidou, alors Premier ministre, puis le suivra comme Secrétaire général de la présidence française après son élection, avant d’occuper le poste de ministre des Affaires étrangères, jusqu’au décès du Président et les élections de 1974. À cette époque, il est le chouchou des médias et très apprécié des Français. Un sondage lui accorde 44 % d’opinions favorables et 35 % pensent qu’il jouera un rôle important dans l’avenir. Mieux encore, en 1979, alors qu’il préside son propre parti, intitulé mouvement des démocrates, dont l’audience est confidentielle, il précède Raymond Barre, Jacques Chirac, Valéry Giscard d’Estaing, président de la république, et François Mitterrand, avec 64 % d’opinions favorables. C’est à cette époque qu’il réfute le clivage droite-gauche et prétend se situer au-dessus de la mêlée, dans un ailleurs olympien.
Il semble promis à un destin national et il envisage tout naturellement de se présenter à l’élection présidentielle de 1981. C’est alors que se révèlera la fragilité d’un politique élevé hors sol, qui n’a jamais été adoubé par le suffrage universel et ne s’est pas frotté au terrain. Il manque cruellement de relais chez les élus locaux et ses réseaux ne sont pas suffisamment actifs. Il ne pourra pas réunir les 500 signatures nécessaires à sa candidature et devra renoncer. Pour l’anecdote, il choisira de soutenir Mitterrand dès le premier tour et en sera « récompensé » par un poste éphémère de ministre du Commerce extérieur. Comme Michel Jobert, Emmanuel Macron jouit actuellement d’une grande popularité, mais n’est guère enraciné dans la France profonde. Il ne bénéficie pas non plus d’un appareil partisan d’envergure et ne s’est jamais frotté au suffrage des Français. À supposer qu’il obtienne ses 500 parrainages, sa candidature éventuelle en 2017 risque fort de n’être que de témoignage, pour prendre date, avant peut-être de rejoindre les oubliettes de l’Histoire.
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