La folie Pokemon

Elle remonte à 1996, année de la création du premier jeu vidéo de la série, dont le succès ne s’est pas démenti jusqu’à ces dernières années puisque la firme Nintendo revendique officiellement la vente de 250 millions d’unités du jeu, sans compter les déclinaisons sous forme de BD, de mangas ou de cartes à collectionner. Mais cela n’était rien à côté du raz de marée provoqué par la sortie du dernier avatar de la franchise des Pocket Monsters, sous la forme du jeu développé pour les smartphones sous le nom de Pokemon Go.

Le jeu est basé sur le principe de la réalité augmentée, une technologie qui permet d’incruster dans les images réelles captées par l’objectif du téléphone, des images virtuelles, contenant par exemple des informations sur le site photographié et en l’occurrence des personnages de la série, qu’il s’agit de capturer en leur lançant des projectiles, les Pokeballs. Comme dans le jeu original il y a moult espèces de Pokemon, dont certaines plus rares et plus difficiles à attraper. Dès la mise à disposition de l’application en France, les joueurs de tous âges se sont rués sur la chasse à ces petites bêtes, en oubliant les règles les plus élémentaires de sécurité. Le comportement le plus dangereux est à l’évidence de chasser le Pokemon tout en conduisant une voiture. Plusieurs accidents ont déjà eu lieu, la traque de bestioles virtuelles est bien entendu incompatible avec le Code de la route. Même remarque pour les cyclistes, mais aussi, et c’est plus inattendu, pour les piétons qui restent le nez rivé à leur téléphone, y compris en traversant la rue. Les concepteurs du jeu ont disséminé leurs bébêtes sur tout le territoire et parfois dans des endroits incongrus. Certains policiers se sont plaints de l’intrusion de chasseurs de Pokemon dans leur commissariat. Des associations se sont alarmées des risques encourus par les joueurs dans des zones dangereuses telles que des falaises ou des bâtiments désaffectés tombant en ruines, par exemple.

Ces comportements défient effectivement le bon sens, comme tout phénomène de groupe. Qu’on se rappelle l’hystérie collective qui entourait la moindre apparition des Beattles, ou plus récemment de chanteurs ou chanteuses à succès. Mais il semble que la folie Pokemon soit contagieuse puisque Vincent Ledoux, député de droite du Nord, s’est mis en tête qu’il était urgent de légiférer sur la question afin d’encadrer cette activité par une loi spécifique. On se croirait revenu au temps de Sarkozy dont le slogan était : « un fait-divers, une loi ». À moins qu’il ait simplement recherché et obtenu son quart d’heure warholien de célébrité.