Retour à l’envoyeur
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 28 mai 2016 10:11
- Écrit par Claude Séné
La richesse et l’abondance de l’actualité dans notre propre pays m’ont fait différer de commenter ce que l’on a appelé l’initiative française dans le conflit israélo-palestinien. Avant son départ du Quai d’Orsay, Laurent Fabius avait émis l’idée d’une nouvelle conférence de paix qui se tiendrait à Paris sous le patronage des grandes puissances pour permettre enfin la réouverture de négociations, au point mort depuis trop longtemps. Son successeur, Jean-Marc Ayrault, a tenté de relancer le projet et Manuel Valls en personne a profité de son déplacement en Israël et en Palestine pour essayer de convaincre son homologue de l’intérêt de cette démarche.
En pure perte, faut-il s’empresser de le préciser. Benyamin Netanyahou n’a aucune intention de trouver une solution négociée au conflit qui empoisonne la région depuis la création de l’État d’Israël. Comme il peut difficilement affirmer cette volonté aux yeux de la communauté internationale, et qu’il veut passer pour un interlocuteur raisonnable, il prétend préférer des discussions bilatérales entre son gouvernement et l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, qu’il s’est appliqué à discréditer depuis son arrivée au pouvoir. L’ironie de la chose, c’est que Benyamin Netanyahou défend une position au fond très proche de celle de Manuel Valls sur la loi travail. Il souhaite s’affranchir de tout cadre contraignant pour faire jouer un rapport de forces en sa faveur dans un tête-à-tête déséquilibré. À l’échelle des états, on retrouve l’équivalent d’un dialogue social dans lequel l’employeur pourrait imposer sa loi grâce à un chantage à l’emploi, sans se préoccuper de devoir respecter des règles qui s’imposeraient à tous.
Au fond, l’Organisation des Nations Unies serait un peu comme notre code du travail, une sorte de garde-fou permettant d’éviter les abus de pouvoir les plus criants. Malheureusement, ses règles de fonctionnement et le veto des États-Unis ont toujours permis à l’État d’Israël d’ignorer ses résolutions et de continuer à exercer la politique du fait accompli. La réforme du Code du travail voulue par Manuel Valls, transposée en droit international, consisterait à permettre à Israël de passer un accord avec l’Autorité palestinienne par lequel celle-ci renoncerait à ses revendications de créer un état sous la menace de sanctions économiques. Impensable, et pourtant très proche de la réalité. Pendant que Benyamin Netanyahou agite ces discussions bilatérales comme un rideau de fumée, les implantations de colonies, véritable poison dans d’éventuelles négociations de paix, continuent de plus belle. Tout comme le libéralisme le plus débridé s’imposera si la loi travail finit par être adoptée.