Oh ! eh ! hein ! bon !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 26 avril 2016 10:22
- Écrit par Claude Séné
Vous avez forcément encore en mémoire les paroles inoubliables de cette chanson de Nino Ferrer, musicien génial obligé de brader son talent dans des niaiseries commerciales pour accéder aux médias et vivre de son art, ce dont il finira par mourir, mais ceci est une autre histoire. Piqure de rappel pour les plus jeunes qui n’ont pas connu l’auteur du Sud et de Mirza :
Qu’est-c’que j’ai fait de mes clés,
Mes lunettes et mes papiers,
Mon veston, mon lorgnon,
Mon étui d’accordéon.
Oui je sais je perds tout mais c’que j’veux pas
C’est qu’on se moque de moi
Oh ! eh ! hein ! bon !
L’initiative de Stéphane Le Foll de réunir une vingtaine de ministres pour tenter de justifier la politique du quinquennat devant un parterre de militants à la faculté de médecine de Paris, m’a fait irrésistiblement penser à cette chanson, à cause de son appellation plutôt saugrenue de « Hé oh la gauche ! ». Il ne faut pas manquer d’air pour interpeler la gauche, qui a toutes les raisons de se sentir abandonnée du pouvoir, comme si elle était responsable des errements de la politique menée depuis 4 ans, à de trop rares exceptions près. François Hollande pourrait ajouter un couplet d’actualité à la chanson de 1966, en se demandant ce qu’il a fait de son discours du Bourget, de ses 60 engagements, de ses 189 promesses, de son capital militant, des valeurs dont il était l’héritier, de l’espoir qu’il avait suscité, non pour sa personne, mais pour ceux qu’il représentait. À force de prendre des mesures économiques à l’inverse de ce pour quoi il a été élu, il pourrait bien en effet tout perdre et n’est pas à l’abri de rester dans l’histoire comme un objet de moquerie.
Le mouvement lancé par le ministre de l’Agriculture laisse penser que le gouvernement est un bateau ivre, perdu dans le brouillard, qui cherche désespérément sa boussole pour lui indiquer, non pas le Nord, mais la gauche, qu’il appelle tardivement de ses vœux. Ce n’est pourtant pas bien compliqué. La gauche n’a pas bougé. On est toujours là, au même endroit, même si l’on commence sérieusement à désespérer quand on voit l’équipage et le capitaine se laisser tenter par les feux allumés par des naufrageurs dans le but de faire échouer le navire et piller notre cargaison commune. « Eh ! oh ! le gouvernement ! on est là ! on ne veut pas couler avec vous ! »