Les faux-culs (bénits)

Détails
Catégorie : Diabloguiste
Publié le mardi 21 octobre 2014 10:34
Écrit par Claude Séné

On ne connait pas l’identité de l’individu qui a agressé Paul McCarthy, le frappant à trois reprises au visage, place Vendôme pendant l’installation de son œuvre, un « arbre » de 24 mètres réalisé dans une structure gonflable, pas plus que celle des vandales qui l’ont saccagée dans la nuit. Par contre, c’est bien sur le compte Twitter du Printemps français, une composante de la Manif pour tous, que l’on a pu lire qu’il s’agissait selon eux d’un plug anal géant et que la place Vendôme était défigurée et Paris humilié.

 

On peut s’étonner que des militants catholiques intégristes soient tellement au fait de pratiques sexuelles visiblement sans rapport avec la procréation, seule excuse au pénible devoir conjugal strictement réservé aux couples dûment mariés devant l’église. Cachez ce sex-toy que je ne saurais voir, aurait dit le Tartuffe de Molière, très affuté sur le décolleté de Dorine. Il est certain que l’arbre de McCarthy ne ressemble guère à un sapin malgré sa couleur verte, et que j’ai du mal à lui trouver quelque attrait. Il faut cependant une bonne dose d’imagination pour se représenter l’objet dans un usage récréatif, et je n’ai pas entendu de réactions choquées dans les multiples micros-trottoirs réalisés à cette occasion.

Comme souvent avec l’art contemporain, j’ai des difficultés à ressentir des émotions esthétiques au travers de représentations qui me paraissent triviales. Même s’il y a une part de provocation dans le travail de ces artistes, ou qu’il me parait souvent à la limite du foutage de gueule, je ne vois pas au nom de quel art officiel il faudrait interdire ces œuvres. Paraphrasant une citation attribuée à Voltaire, même si je n’aime pas ce qu’ils font, je me battrai pour qu’ils aient le droit de continuer.

Pour l’instant, les tenants de la bien-pensance ont atteint leur objectif puisque Paul McCarthy a préféré renoncer à la réinstallation de sa structure qu’il avait fallu dégonfler par mesure de sécurité. Une triste débandade qui rappelle la chanson « bande de dégonflés », mais il a bénéficié d’une énorme publicité pour un artiste peu connu du grand public français. Quant à son œuvre, l’histoire en jugera.