Croisades

Halte à la résignation ! Dans un monde où la plupart des gens semblent avoir abandonné toute idée de contestation, deux femmes se lèvent en France pour dresser fièrement le drapeau du combat pour leurs valeurs. Deux femmes de l’opposition, cela va sans dire, qui n’en sont pas à leur coup d’essai.

 

La première, et ce n’est pas une surprise, c’est la sémillante ancienne ministre sarkoziste, Nadine Morano, qui nous a déjà gratifiés d’un tweet vengeur cet été en publiant une photo de femme voilée sur la plage, au nom d’un féminisme qu’elle nous avait caché jusque-là. Elle récidive en narrant par le menu sa prise de tête gare de l’Est avec une voyageuse voilée qui n’a pas daigné s’arrêter pour répondre de son forfait. Ulcérée, Nadine s’est empressée d’aller la dénoncer à la kommandantur, pardon à la police des transports, qui, outrage ultime, ne l’a pas reconnue, et lui a réclamé ses papiers qu’elle a refusé de présenter.

Si la cause de Nadine Morano est noble, que dire de celle de sainte Christine Boutin ? À peine remise de la nouvelle manifestation pour tous, où elle a dû se multiplier pour faire croire qu’ils étaient 500 000 quand la police ne comptait que 70 000 personnes, voici qu’elle doit partir en guerre contre l’antéchrist, représenté par le dessinateur Zep, dont les œuvres sont exposées à la cité des sciences sous le titre insupportable de « zizi sexuel ». On aura beau faire valoir que l’exposition se passe dans un lieu privé, que les enfants de 9 à 14 ans à qui elle s’adresse y viennent accompagnés de leurs parents, que le contenu est plus soft que beaucoup de publicités, que les albums de Titeuf sont en vente libre depuis déjà longtemps, rien n’y fait. La sentence de Christine Boutin est tombée sur Tweeter (décidément) : « Non à l’exposition Zizi sexuel à la Cité des sciences de Paris ». Qui a dit que les valeurs morales de la France s’effondraient dans un suicide collectif ? Zemmour ? Oui, mais à part lui ?

Entre l’appel à la délation de l’une et le recours à la censure de l’autre, je crois que l’on peut s’inscrire en faux contre cette assertion. La France éternelle survivra, et c’est tant mieux.