
Vingt ans après
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 26 septembre 2025 10:55
- Écrit par Claude Séné

Aucun commentateur politique n’avait annoncé, même comme une hypothèse, le verdict qui a été rendu hier, condamnant l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, à une peine de prison ferme de 5 ans, assortie d’une mesure d’exécution provisoire, qui annule par avance le caractère suspensif de l’appel qu’il ne manquera pas de déposer. Ce qui signifie que Nicolas Sarkozy, tout en étant techniquement présumé innocent jusqu’à un nouveau procès qui confirmera, ou non, sa culpabilité, pourrait être placé sous mandat de dépôt dès le 13 octobre prochain et incarcéré rapidement. Le verdict a été diversement accueilli selon les préférences partisanes. Pour ma part, c’est l’aspect d’exécution provisoire qui m’a le plus frappé.
Comme si la Cour, et notamment sa présidente, voulait s’assurer que le prévenu qui comparaissait devant elle ne pourrait pas, au moyen de procédés dilatoires, échapper presque indéfiniment à la peine qu’elle prononçait. Déjà, sa peine précédente, dans l’affaire « Bismuth » a été largement aménagée et lui a permis, moyennant la gêne occasionnée par le port d’un bracelet électronique, de mener une existence presque normale. Le jugement d’hier intervient vingt ans après les faits reprochés aux principaux accusés. L’un d’entre eux, Claude Guéant, âgé de 80 ans et dont la santé est chancelante, est d’ailleurs dispensé de peine pour cette raison. Par ailleurs, l’action de la Justice s’est éteinte d’elle-même avec le décès de Ziad Takieddine, un des principaux acteurs du financement présumé illégal de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Rappelons aussi que des aménagements sont prévus dès lors qu’un condamné atteint ou dépasse l’âge de 70 ans.
Bref, vous voyez où je veux en venir. La meilleure façon d’échapper aux sanctions prévues par la loi, c’est évidemment, et pour commencer de ne pas se faire prendre, dans tous les cas de nier, ne jamais avouer, accuser ses juges de partialité, et tenir bon. La loi de la République est plutôt bonne fille et elle a prévu une multitude de recours pour tous les justiciables, et quelques-uns de plus pour les responsables politiques de haut niveau. Si les « affaires » de l’ancien président ont mis autant de temps à resurgir, c’est en raison notamment de l’immunité pendant son mandat électif. Les Français aiment à penser que « nul n’est au-dessus des lois », mais ils n’y croient guère en pratique. C’est pourquoi, en ce qui me concerne, c’est de l’incrédulité que j’ai d’abord ressenti. Non pas de la matérialité des faits, mais de l’indépendance réelle de la Justice, à laquelle j’ai souvent eu du mal à croire, tant elle était fréquemment démentie. Reste que les procédures sont littéralement interminables, du fait d’un engorgement dramatique des tribunaux. Les peines infligées sont trop souvent déconnectées des infractions qui les ont générées. Mais, mieux vaut tard…