À vos marques…

Le nouveau parti fondé par François de Rugy et Jean-Vincent Placé s’est choisi pour nom : « écologistes ! » sans le moindre article. Il suit en cela une tendance lourde qui va dans le sens d’une appropriation de valeur, déjà perceptible dans le nouveau nom de la formation de droite baptisée « les Républicains » avec la bénédiction du Conseil constitutionnel. De même que l’ensemble des républicains n’adhère pas obligatoirement au parti dirigé par Nicolas Sarkozy, la totalité de l’écologie politique ne se résume pas au nouveau mouvement issu d’une sécession au sein d’Europe écologie les verts.

Cependant, la dénomination de l’un comme de l’autre parti tente d’accréditer l’idée qu’ils seraient les plus emblématiques de la tendance qu’ils veulent représenter, à la manière d’une marque. La réussite suprême d’une marque, c’est de devenir le nom commun de l’objet auquel elle s’applique, à la manière du Frigidaire qui a su faire oublier le réfrigérateur. C’est toutefois une victoire à la Pyrrhus. Si la plupart des gens disent posséder un frigo, en abréviation de la marque leader du marché, au moment d’en acheter un neuf, bien peu songeront à rechercher une marque aujourd’hui disparue.

Cette volonté de fusionner le nom et la marque est apparue aussi dans certaines campagnes de publicité, notamment pour les automobiles. C’est ainsi que Renault a essayé de supprimer l’article indéfini qui précédait le nom de ses modèles en incitant à acheter « Clio » au lieu d’une Clio, par exemple. Cette façon de personnifier l’objet m’apparait peu naturelle et je crois que le public ne l’a pas adoptée en continuant de parler de la Fiat 500 ou de la Golf. Tout ça pour souligner que les partis politiques se comportent de plus en plus comme des sociétés marchandes qui utilisent les méthodes du marketing pour essayer de vendre leurs idées à des électeurs-clients. Ils suivent en cela la pente naturelle des électeurs, qui appliquent aux idées les principes du consumérisme en recherchant le meilleur rapport qualité-prix, n’hésitant pas à changer de crémerie au gré des promotions saisonnières, quand ils ne se précipitent pas sur les soldes des paris populistes girouettes qui bradent leur politique au gré des vents.

Je suis sûrement vieux jeu en la matière, préférant la poursuite d’un idéal à une suite de mesures conjoncturelles, flattant successivement les électorats comme des parts de marché, mais je me sens un peu minoritaire.

Commentaires  

#1 jacotte86 05-10-2015 12:14
on verra bien lors de prochaines élections, les électeurs voteront pour "la gauche " "la droite " ou "l'extrême droite" ne gommant pas l'article et personnalisant ainsi leur choix...
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