Cote d’alerte
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 6 octobre 2015 10:17
- Écrit par Claude Séné
Les violentes intempéries qui ont fait une vingtaine de morts et provoqué d’énormes dégâts matériels dans le sud de la France pouvaient-elles être annoncées ? C’est le début de polémique qui a suivi cet épisode méditerranéen, comme le disent les spécialistes, pour lequel Météo France n’avait émis que ce bulletin d’alerte orange. Il semble bien que non, dans l’état actuel de la science. Pour autant que je puisse le savoir, la météorologie n’est pas une science purement mathématique, régie par des lois universelles à la manière de l’astronomie, mais plutôt une science expérimentale où l’on étudie des modèles, dont on estime la répétition probable.
Ce qui ne l’empêche pas d’obtenir des résultats concrets précieux pour les agriculteurs ou les organisateurs de Roland Garros par exemple. Ce qui me frappe, c’est l’intolérance du public à l’égard des limites à la puissance humaine. Pour le commun des mortels, dont je fais partie, il est insupportable d’accepter que la nature ait le dernier mot. Passe encore que l’on ne puisse pas empêcher un volcan de se mettre en activité du moment que les conséquences sur la vie et les activités humaines sont minimisées par une prévention adaptée. Tout se passe comme si les trombes d’eau qui se sont abattues sur la Côte D’Azur étaient comparables à une marée noire produite par l’imprudence humaine. Il faut un coupable et Météo France fait figure de bouc émissaire acceptable. Cette remarque n’exonère en rien la responsabilité des politiques de tout poil qui auraient négligé les précautions les plus élémentaires, comme à la Faute sur mer, en construisant dans des zones inondables.
Ce déni du danger s’exprime par ailleurs dans le principe de précaution, certes utile, mais exemplaire de l’utopie de la sécurité absolue ou du risque zéro. L’exemple vient de l’état qui érige la sécurité routière ou la lutte contre les addictions en valeur morale, au même titre que la répression de la délinquance. Jusqu’à la guerre ou le maintien de l’ordre où il est interdit de mourir, alors que chacun sait bien qu’il s’agit d’activités où le risque est maximal. La mort récente d’un pompier dans l’exercice de ses fonctions a été accueillie comme un véritable scandale, alors que celles de SDF ou de migrants à Eurotunnel, qui seraient pourtant largement évitables, se passent dans une relative indifférence. Il est vrai que la misère, si elle est bien une catastrophe, est tout sauf naturelle.