Que font les confiseurs ?

Il était de coutume autrefois que les conflits s’apaisent quelque peu pendant la semaine qui sépare Noël du jour de l’an. On appelait ça « la trêve des confiseurs ». Force est de constater que cette habitude tend à se diluer voire à disparaitre complètement. Peut-être que la tradition d’offrir et de consommer des confiseries est un peu passée de mode, au profit du chocolat, dont chaque Français consomme plus de 6 kg par an et par habitant, et qui est réputé pour un effet antidépresseur, non négligeable par ces temps qui inquiètent.

Les guerres en cours, et notamment celle de conquête que mène toujours la Russie pour tenter de prendre le contrôle de la plus grande partie de l’Ukraine, n’ont connu aucune accalmie, presque au contraire. Le jour même de Noël, une vaste attaque aérienne à base de missiles, de bombes et de drones de combat s’est abattue sur le territoire ukrainien, dans le but principal d’infliger des dégâts aux infrastructures énergétiques du pays, de manière à plonger l’Ukraine dans une obscurité et un froid destinés à atteindre le moral de la population, et secondairement celui des troupes. Peu des cibles détenaient un potentiel stratégique ou purement militaire. On est bien loin des objectifs de la première phase quand le pouvoir russe croyait encore pouvoir conquérir les territoires ukrainiens et la capitale, Kiev, au cours d’une guerre éclair de quelques jours ou quelques semaines en affrontant une armée très inférieure en équipements et en nombre. Depuis plusieurs mois, les Russes progressent et prennent des villages ukrainiens, mais à un rythme tel qu’il leur faudrait des siècles pour occuper l’intégralité du pays.

Wladimir Poutine est forcément informé de cette situation, et même s’il continue de prédire l’écrasement des troupes ennemies et la chute du pouvoir de Kiev, il est probable que l’idée d’une négociation, ne serait-ce que pour reconstituer ses forces armées en attendant de reprendre une offensive plus tard, a fait son chemin. Il doit aussi tenir compte de l’arrivée prochaine au pouvoir de Donald Trump, avec qui il a sans doute déjà évoqué un accord de principe. Une ligne de démarcation se ferait sur le tracé des positions acquises, et le moindre kilomètre carré, chèrement payé en pertes humaines et en matériel, sera précieux pour les deux camps. L’obsession de Poutine, c’est d’éviter de décréter une mobilisation générale qui démontrerait qu’il ne contrôle pas l’issue de la guerre à 100 %. Il a ainsi accepté l’aide de troupes nord-coréennes, comme chair à canon, pour minimiser ses propres pertes. Si des négociations s’engagent effectivement, elles seront âpres, et le président ukrainien aura fort à faire pour ne pas être bradé par Donald Trump, prêt à sacrifier son « allié » pour se vanter d’avoir mis fin à la guerre, comme promis. Vous reprendrez bien un petit chocolat, pour fêter ça ?