Ouvert pendant les travaux

Une poule n’y retrouverait pas ses poussins. Alors que le gouvernement de Michel Barnier est désormais officiellement démissionnaire, il sera de nouveau réuni demain pour examiner en conseil des ministres le projet de loi « spéciale » qui permettra de mettre en œuvre un budget transitoire afin de permettre à l’état de percevoir les impôts et de payer les fonctionnaires ou les dépenses de santé par exemple. Au passage, cela enterre définitivement les rumeurs alarmistes de cessation de paiement diffusées par des politiques et non des moindres, comme l’ancienne première ministre, Élisabeth Borne, dans le but évident de faire peur aux Français.

Et pendant ce temps, le président continue ses consultations selon son principe : faire vite, mais lentement. Au point que l’Élysée annonce la nomination assez improbable d’un nouveau Premier ministre avant demain soir. Le point d’orgue de ces consultations devrait avoir lieu aujourd’hui même avec la réunion des différents partis représentés au Parlement, à l’exception notable de la France insoumise, qui a décliné l’invitation et du Rassemblement national, qui n’a pas été convié. Pour la énième fois, Emmanuel Macron essaie de constituer une grande coalition en rassemblant « le Marais », un centre élargi, qui exclut ceux qui sont considérés comme des extrêmes, renvoyés dos à dos quand tout les oppose. Le RN sert d’épouvantail, mais la véritable cible c’est le Nouveau Front populaire, que le Président cherche à fracturer depuis sa création tant il y voit un risque sérieux de défaite pour son propre camp, qui ne lui survivra sans doute pas.

Tous les efforts du président visent à introduire un coin entre une gauche souhaitable pour lui et une gauche progressiste, dominée par Jean-Luc Mélenchon. Les socialistes sont visiblement tentés, du moins une partie d’entre eux. Mais le mode de scrutin des législatives et de la présidentielle condamne par avance des candidatures en ordre dispersé et le rapport de force reste, dans ces circonstances, en faveur de LFI. Faute de pouvoir débaucher une personnalité clairement de gauche, qui amènerait dans ses bagages une fraction substantielle de son électorat, sans faire fuir les macronistes, Emmanuel Macron s’est toujours appuyé sur la famille de droite, dont il fait objectivement partie. Dans son imaginaire personnel, je suppose qu’il se voit comme le faux « vilain petit canard » qui est en réalité un cygne et qui donnera sa pleine mesure avec le temps. Moi je le comparerais plutôt au coucou qui a éclos dans le nid des héritiers de Jean Jaurès et les a poussés sans vergogne à l’extérieur pour occuper la place qui leur était due. Et depuis, il s’accroche au pouvoir que les Français lui ont malencontreusement confié, même si beaucoup semblent le regretter à présent.