Un jour, un jour
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 9 décembre 2024 10:51
- Écrit par Claude Séné
Jean Ferrat, qui a mis en musique nombre de poèmes de Louis Aragon, n’aura pas vécu assez longtemps pour voir advenir ce jour dont il parlait, un jour couleur d’orange, un jour de palme, un jour comme l’oiseau sur la plus haute branche. Alors que le poète désespérait de voir un jour la violence se retourner contre les violents, la nouvelle est tombée ce dimanche : le régime honni du tyran, responsable du massacre et du bannissement de millions de Syriens, s’est effondré sur lui-même presque sans combats. Le dictateur sanguinaire, Bachar Al-Assad, n’a échappé à la vindicte et peut-être au lynchage qu’en trouvant refuge chez son ancien protecteur, Wladimir Poutine.
À la différence de l’épisode précédent, la Russie est à la fois trop occupée par sa guerre d’invasion contre l’Ukraine, et n’a pas les moyens militaires d’ouvrir un deuxième front, sauf à recourir à une mobilisation générale qui signerait un aveu d’échec de l’armée régulière. Il en va de même des troupes du Hezbollah, affaiblies au Liban, et de l’Iran, en proie à sa résistance interne. Isolé, Bachar ne pèse finalement plus rien, ou si peu. C’est le revers du pouvoir personnel. Si le chef trébuche, le régime s’écroule. Au chapitre des bonnes nouvelles, on peut aussi signaler l’échec de la tentative de coup d’État du président sud-coréen, Yoon Suk Yeol, qui a brièvement proclamé la loi martiale afin de se débarrasser d’une opposition contestant ses décisions budgétaires, avant de se raviser devant les manifestations de protestation populaire et les vives réactions internationales. Le prétexte invoqué de risques de guerre avec le voisin nord-coréen n’aura trompé personne.
Malheureusement, pour deux dictateurs stoppés nets, dont l’un n’avait pas encore eu le temps de s’installer durablement, il reste de par le monde beaucoup trop de représentants d’un pouvoir autoritaire et personnel. Si certains sont plus ou moins mis au ban de la Société des Nations qu’est redevenue l’ONU, d’autres semblent encore fréquentables, grâce à leur puissance économique. J’en veux comme exemple le régime de l’Arabie saoudite où se trouvait récemment en visite d’état Emmanuel Macron accompagné d’une délégation très fournie. Or, on sait que la dynastie qui dirige le pays a pour futur chef le prince Mohammed ben Salmane, qui est accusé du meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en 2018 dans des conditions particulièrement cruelles. Ce qui n’empêche pas des jeunes filles écervelées de chanter ses louanges parce qu’il leur jette des miettes de modernisme en les autorisant à conduire elles-mêmes leurs voitures.
Reste que le plus dur commence pour la Syrie, puisqu’elle devra s’accommoder de la présence des forces armées djihadistes qui ont mené l’offensive éclair contre le régime de Bachar. L’exemple à ne pas suivre serait celui du retour des talibans en Afghanistan.