Le chant des troubadours
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 7 décembre 2024 10:35
- Écrit par Claude Séné
En 1961, Anne Sylvestre rendait hommage aux bâtisseurs de cathédrales dans une de ses meilleures chansons, et insistait sur la correspondance au sens baudelairien que cela représentait : « sans le chant des troubadours, n’aurions point de cathédrales… » Aujourd’hui, c’est un de ces joyaux qui renait littéralement de ses cendres, car Notre-Dame de Paris va de nouveau être accessible au public, croyant ou non, après une inauguration en grande pompe. Nous sommes en France, et aucun évènement de cette ampleur n’échappe à la polémique. Nous en avons eu un avant-goût avec les Jeux olympiques, il en va de même avec la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Pour commencer, et avant même que l’édifice ait totalement retrouvé son lustre d’antan, s’est posée une question sur la gratuité de l’accès, avec la difficulté de distinguer les visiteurs selon l’objet de leur venue, touristes, simples badauds ou croyants voulant se recueillir ou assister à l’office religieux. Cette question existentielle semblait surtout destinée à faire valoir Rachida Dati, qui ne perd aucune occasion de faire sa publicité personnelle en vue de devenir Maire de Paris, et a été tranchée par la hiérarchie catholique : l’accès restera gratuit pour tout le monde. Dernièrement, c’est le protocole des cérémonies entourant la réouverture qui a été soigneusement examiné. Il fallait impérativement marquer la séparation des églises et de l’état. En particulier, il était prévu que le président de la République prononce son discours sur le parvis et non à l’intérieur de l’église. La météo en a décidé autrement, ce qui prouve une fois de plus que nécessité faisant loi, il existe généralement des accommodements avec le ciel.
Il en va de même avec le concert qui devait se dérouler en direct devant la cathédrale, et qui sera diffusé en différé pour cause d’intempéries annoncées. Là aussi, Stéphane Bern s’était cru autorisé à annoncer la présence de « sir » Paul McCartney, dont les projets, commerciaux et artistiques, étaient incompatibles avec sa participation à l’évènement. Mais la capacité de l’animateur spécialiste des manifestations royales à tirer à lui la couverture médiatique a été surpassée et de loin par celle d’Emmanuel Macron à se parer des plumes du paon. Cela vous avait peut-être échappé, et le Président s’est ingénié à réparer cette lacune éventuelle, mais c’est bien grâce à lui, et apparemment exclusivement, que le chantier a pu être livré dans les délais. À l’entendre, sans lui rien n’aurait été possible, et il ne rend hommage au travail des vrais artisans de cette réhabilitation que pour souligner son rôle décisif, en espérant détourner l’attention de ses erreurs dans le seul domaine où il aurait dû remplir ses obligations, la présidence de la République. Il ne trompera personne.
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