Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?

Je ne suis pas toujours d’accord avec Brigitte Macron, tant s’en faut, mais je dois reconnaître qu’elle a eu raison à 100 % lorsqu’elle a déclaré au cours de la visite d’état en Arabie saoudite de son président de mari, je cite, « les Français ne méritent pas Emmanuel ». Elle faisait allusion, j’imagine, au vote de censure qui faisait tomber le gouvernement voulu par le président, ainsi qu’aux sondages qui le placent très loin de la meilleure place dans le cœur de la population. Mais comme c’est vrai ! Même si les Français ont beaucoup de défauts, ils n’ont pas mérité ça.

Ce n’est pas mon voisin de palier qui a décidé, sur une impulsion incompréhensible, de renvoyer l’ensemble des députés devant les électeurs pour « clarifier » la situation politique, sans imaginer une seconde que l’absence de majorité pouvait s’aggraver au point de rendre le pays presque ingouvernable. Ce n’est pas lui non plus qui a tergiversé pendant des mois avant de se décider à nommer un nouveau gouvernement, sous prétexte de Jeux olympiques, comme si l’on découvrait soudain que c’était la France qui les organisait. Ce n’est pas davantage la faute de mon voisin, si la feuille de route du Premier ministre faisait de l’élaboration d’un budget pour 2025 une sorte de quadrature du cercle, une mission impossible confiée à un personnage dépassé par des enjeux contradictoires. Toute cette gestion calamiteuse est évidemment à mettre au débit du chef de l’état, qui a laissé, selon ses propres dires, le gouvernement gouverner et le parlement parlementer, sans définir de cap clair, ni rassembler autour d’un projet acceptable pour la population.

Et qu’on ne vienne pas me dire que ce sont les Français qui n’ont rien compris, comme l’a esquissé le Président dans une allocution télévisée qui sonnait le creux. On nous a déjà fait trop souvent le coup de la « pédagogie ». Quand une mesure est impopulaire, au lieu de se demander pourquoi, et si elle est vraiment nécessaire, le pouvoir a pris la mauvaise habitude, sous prétexte d’explication, de la matraquer dans les médias jusqu’à ce que les gens s’y résignent. Même ainsi, la réforme des retraites imposée aux forceps continue d’être rejetée par une large majorité de Français. Petit à petit, on en arrive à la conclusion que le président de la République n’est pas la solution, mais bel et bien le problème. Paradoxalement, c’est lui qui aurait pu servir de fusible à son Premier ministre en démissionnant, ce qu’il a totalement exclu, par orgueil pur, comme lorsqu’il avait mis au défi on ne sait pas qui de « venir le chercher » pour protéger son garde du corps. Si les Français ne méritent pas leur président, ils seraient disposés à le prêter à qui voudra, moyennant une location raisonnable. Ça leur ferait des vacances.