Et l’heureux élu est…

On n’arrête décidément pas le progrès. Il y a quelques jours, je recevais un mail émanant de la société Orange, chez qui j’ai le privilège de détenir un compte, moyennant une contribution plus que symbolique, mais ce n’est pas le sujet du jour. C’était, ni plus ni moins, pour m’annoncer que l’entreprise avait été « élue » service client de l’année 2025 ! Oui, 2025, vous avez bien lu. Ces gars-là sont quand même très forts puisqu’ils sont capables de prédire la performance de leur service avant même d’avoir levé le petit doigt. Et c’est le directeur exécutif d’Orange pour la France en personne qui m’annonçait la bonne nouvelle !

Au-delà de la satisfaction légitime du boss, je me suis interrogé sur les critères ayant permis de juger la qualité du service rendu à la clientèle, dont je fais partie, et la façon dont la compétition est organisée. En pratique, je ne sais d’ailleurs pas s’il faut que j’utilise le passé ou le futur pour en parler, je me rabats donc sur un présent de narration, qui ne mange pas de pain. J’en étais là de mes réflexions quand j’ai entendu à la radio une information apparemment contradictoire, présentée sous forme de réclame, qui m’apprenait que c’était la banque LCL qui avait été élue service client de l’année 2025, et ce pour la 2e fois consécutive, ce qui portait son score à 3 titres sur 4 éditions. Il faudrait savoir ! Ben, oui, il faut tout lire et tout écouter. Même les petites lignes ou les astérisques renvoyant en bas de page. Ou encore les mentions légales diffusées en accéléré pour l’audio. LCL a bien été élue, mais dans la catégorie « banque de réseau pour les particuliers », tandis qu’Orange concourait dans la catégorie « Solutions communicantes pour les particuliers ».

Étant curieux de nature, je me suis renseigné sur l’organisation de ce concours. Pour gagner, il faut s’inscrire, et c’est payant, évidemment. Sur le site de l’organisateur, ESCDA.fr, acronyme pour élu service client de l’année, vous trouverez la liste exhaustive des 49 catégories et des lauréats qui vont devoir justifier cette nouvelle notoriété en fournissant un service à la hauteur du prix qu’ils viennent d’obtenir par anticipation et qui leur a été remis le 14 novembre 2024. Même si ce n’est pas une nouveauté totale, puisque c’était la 18e édition qui se déroulait le mois dernier, cette démarche s’inscrit bien dans la mode actuelle de tout noter, tout évaluer dans des compétitions plus ou moins factices se déroulant de façon souvent opaque. Pour ma part, je résiste à cette manie, surtout par flemme, mais aussi pour le principe, qui aboutit fréquemment à des dérives en sombrant dans la démagogie.