Clap de fin

« Sur le fondement de l’article 49, alinéa 3 de la Constitution, j’engage la responsabilité du gouvernement, de mon gouvernement, sur l’ensemble du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025, dans sa version des travaux de la commission mixte paritaire et modifiée par les amendements rédactionnels et de coordination déposés… » Comment ? Ah ! non ! c’est un peu court jeune homme ! on pouvait dire… oh ! Dieu ! … bien des choses en somme… En variant le ton, par exemple, tenez : « Messieurs les censeurs, bonsoir ! ou encore, Bon appétit, messieurs ! » ça, ça aurait eu de la gueule !

Le Premier ministre, Michel Barnier, pour ceux qui n’auraient pas eu le temps de noter son nom, ne restera pas dans l’histoire comme le plus original des chefs de l’exécutif, en s’en étant tenu au texte, sans y ajouter de fioritures, sachant que cette formule serait la dernière qu’il ait l’occasion de prononcer à ce poste et dans ce lieu. Il restera comme le Premier ministre le plus éphémère de la 5e République et sera bien loin du record de Michel Rocard, qui prononcera 28 fois la fameuse formule magique, ou même d’Élisabeth Borne qui aura recours au 49.3 à 23 reprises. C’est dire l’importance de maîtriser l’exercice pour ne surtout pas bredouiller au moment de déclamer la tirade, qui risque à tout moment d’être la dernière que prononcera le titulaire du poste difficile de Premier ministre.

C’est pourquoi je suggère au président de la République, qui va devoir, à peine rentré de son inauguration de chrysanthèmes en Arabie Saoudite, se mettre en quête de trouver un successeur à « Monsieur Brexit », de laisser tomber les curriculums vitae, pour faire passer des auditions, comme au théâtre, afin de dénicher le candidat qui saura tirer des larmes des yeux avec un texte somme toute d’une banalité affligeante. Il pourra même se faire assister par « Maman Brigitte », certainement plus compétente dans le domaine artistique, que dans les analyses politiques. N’oublions pas que c’est elle qui avait chaudement recommandé Jean-Michel Blanquer à son président de mari, avec les résultats que l’on connait. Je lui déconseille de prendre un acteur « à accent », comme Jean Castex, pour lequel on a déjà donné, et qui a repris depuis des rôles plus en conformité avec ses qualités. Je verrais plutôt un comédien protéiforme, capable de s’adapter à son public, avec le verbe facile, portant beau, ne s’obstinant pas dans des postures idéologiques, capable de changer d’avis selon les circonstances et approuvant le dernier à parler. Mais où dénicher cet oiseau rare ? J’y pense. C’est tout bête ! à l’Élysée pardi ! il suffit à Emmanuel Macron de se nommer Premier ministre lui-même !