Grandes manœuvres
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 2 décembre 2024 10:59
- Écrit par Claude Séné
Tombera ? tombera pas ? C’est la semaine de tous les dangers pour le gouvernement de Michel Barnier, qui se sait suspendu à des décisions qui lui échappent, et n’a donc plus son destin entre les mains, même s’il entend faire semblant du contraire jusqu’à la dernière extrémité. Son problème, c’est que la donne a changé depuis que le procès sur les attachés parlementaires européens, frauduleusement au service du Rassemblement national, a semblé tourner au vinaigre depuis les réquisitions sévères à l’encontre de Marine Le Pen, plus que jamais menacée d’une peine d’inéligibilité exécutoire immédiatement. Si la candidate du RN essaye d’exploiter cette situation en criant à une manœuvre partisane, il est réel que c’est sa survie politique qui est engagée.
Le calendrier de la présidentielle en est profondément bouleversé. Désormais, le temps presse pour Marine Le Pen, qui connaitra le verdict de son procès et son inéligibilité éventuelle le 31 mars prochain. La tentation est grande de faire en sorte que l’élection présidentielle soit avancée au début de 2025, ce qui passerait par un départ du président actuel, soit après une démission du chef de l’exécutif, soit à l’issue d’un processus de destitution, possible, bien que peu probable. Dans les deux cas, Marine Le Pen a tout intérêt à laisser pourrir la situation politique, tout en en rejetant les conséquences sur le pouvoir en place. D’où de pseudo-négociations qui ne disent pas leur nom avec une surenchère visant à saboter un accord éventuel. À moins d’un miracle, l’affaire serait donc pliée : le RN votera la censure, à condition que le gouvernement engage sa responsabilité et que le Nouveau Front Populaire dépose une motion dans ce sens. Ce deuxième point est acquis par avance, mais le gouvernement peut décider de laisser le parlement statuer démocratiquement et ne pas faire appel à l’article 49.3. Auquel cas, la navette parlementaire reprendrait son cours.
On voit mal cependant comment le gouvernement Barnier pourrait survivre durablement aux aléas des discussions budgétaires sans faire appel au vote bloqué. La période de turbulences qui s’annonce pour les mois prochains sera-t-elle suffisamment chaotique pour amener Emmanuel Macron à quitter le pouvoir ? On peut compter sur la France Insoumise et son leader Jean-Luc Mélenchon pour pousser dans ce sens, car il sait que l’horloge biologique tourne et que toute procrastination serait une faute stratégique de sa part. l’inconnue réside dans le plan de carrière du président en exercice, qui pourrait se lasser des cérémonies protocolaires et du rôle de moins en moins influent sur la scène mondiale, comme en témoigne le camouflet infligé à la France, obligée d’abandonner le soutien à la Cour pénale internationale concernant le mandat d’amener de Benyamin Nétanyahou, contre un strapontin dans les négociations entre Israël et le Liban en vue d’un cessez-le-feu.