Le temps ne fait rien à l’affaire
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 27 novembre 2024 11:03
- Écrit par Claude Séné
Brassens le chantait déjà, ce n’est pas une question d’âge : « quand on est con, on est con ». Et il apparait de plus en plus clairement qu’aux yeux d’Emmanuel Macron, c’est même la condition générale de l’espèce humaine, à l’exclusion de sa propre personne, miraculeusement préservée de la connerie universelle. J’en veux pour preuve cette déclaration impromptue en marge du G20 où le président français s’est adressé à un quidam à haute et intelligible voix pour lui déclarer, tout de go et publiquement, que les Haïtiens étaient « complètement cons » au motif qu’ils ont limogé leur Premier ministre, soutenu par lui-même, ce qui aurait dû suffire à le conserver.
Du reste, toute son intervention témoigne de son arrogance et du mépris qu’il porte à un pays et une population, certes pauvres, mais souverains. J’espère que notre ambassadeur, qui a évidemment été convoqué immédiatement par les autorités haïtiennes, possède un jeu de rames de rechange pour tenter d’expliquer la bourde inexcusable d’Emmanuel Macron. D’autant plus que si nous, Français, sommes habitués à ce que le chef de l’état nous prenne pour des cons, ce n’est pas le cas des Haïtiens, qui ont bien d’autres sujets de préoccupation et de chats à fouetter. Toute la séquence ayant été filmée et diffusée sur Internet, il ne pourra pas nier avoir tenu ces propos, contrairement à cette autre sortie, rapportée par le Parisien, où il a prédit récemment la chute du gouvernement Barnier à très court terme avant de faire publier un démenti élyséen en forme de confirmation, deux informations pour le prix d’une, aurait dit Yvan Audouard. Le président est en passe d’en prendre l’habitude après sa colère contre les journalistes et les commentateurs, coupables, selon lui, de rapporter des propos déformés au sujet de la création de l’État d’Israël.
Un président ne devrait pas dire ça, écrivaient les deux journalistes du Monde à propos des entretiens que leur avait imprudemment accordés l’ancien président, François Hollande. On a l’impression qu’Emmanuel Macron, sachant qu’il ne peut pas briguer un nouveau mandat présidentiel en 2027, se lâche complètement et cède fréquemment à la tentation de dire ce qu’il pense, au mépris de la prudence la plus élémentaire et des intérêts de notre pays, dans lequel nous devrons continuer à vivre quand il aura passé la main. Il semble bien qu’Emmanuel Macron soit victime du syndrome de « premier de la classe », comme en son temps Valéry Giscard d’Estaing, qui a passé son temps à s’ennuyer après un seul septennat, entouré par des politiciens qui ne lui arrivaient pas à la cheville, réduit à s’occuper en écrivant des romans de gare pour concurrencer François Mitterrand, qui avait une vraie plume. La parenthèse Macron devrait se refermer sans laisser grande trace derrière elle.