La voiture du peuple

L’agence de publicité DDB à Paris va devoir retrousser ses neurones pour trouver une idée de campagne susceptible de gommer l’impression désastreuse laissée par la révélation de la triche de la firme allemande sur les normes de pollution de 11 millions de ses véhicules diésel dans le monde. C’est un défi pour l’agence, dont les trouvailles comme l’hésitation du client entre la Golfinelle et le Tourolf de couleur blouge, ont beaucoup fait pour la renommée de la marque en France. Des efforts réduits à néant par le scandale découvert aux États-Unis et qui ont eu comme effet immédiat de faire plonger Volkswagen en bourse.

L’affaire est sérieuse puisqu’elle entraine dans son sillage les autres marques du groupe allemand, numéro un mondial, et fait porter la suspicion sur l’ensemble de l’activité automobile en mettant à mal l’image de fiabilité qui fait le succès de l’industrie allemande. Ce sera plus difficile de vendre un produit en se contentant de faire dire à une quelconque gourde pouvant passer pour germanique, comme Claudia Schiffer, que « c’est une Allemande », comme si c’était l’alpha et l’oméga des qualités requises pour un objet.

Au passage, on apprend que, contrairement aux idées reçues, les normes antipollution américaines sont plus sévères qu’en Europe, ce qui explique, sans la justifier, la triche sur les mesures. On se rend également compte que ces évaluations sont de toute façon parfaitement biaisées et ne rendent absolument pas compte de la pollution réelle occasionnée par les véhicules, notamment diésel. C’est dans la même batterie de tests que l’on mesure également la consommation théorique des véhicules, qui peut être inférieure par un écart du simple au double à la consommation réelle dans des conditions habituelles. Devant le scandale, la tentation est grande de jeter l’opprobre sur la seule marque allemande avec pour objectif inavoué de récupérer quelques parts d’un marché dominé par le nouveau géant automobile. L’initiative de Michel Sapin, qui réclame une enquête dans les pays européens, pourrait très bien se retourner contre nos propres intérêts. Rien ne prouve que nos constructeurs nationaux ne se sont pas livrés à quelques tripatouillages ou manipulations pour respecter apparemment les normes tout en tirant sur les coûts de production. Pour ma part, je ne parierais pas ma main au feu là-dessus, mais je vois peut-être le mal partout.