Moyen-âge

L’Arabie Saoudite s’apprête à décapiter et à crucifier Ali al-Nimr, dont le tort est d’avoir participé à des manifestations en 2012 au moment du printemps arabe et donc d’avoir critiqué le régime. Il était âgé de 17 ans seulement à l’époque et l’on soupçonne fortement la police de l’avoir torturé pour lui faire avouer une soi-disant participation à une organisation criminelle. Depuis le début de l’année, il y a eu 134 exécutions et Amnesty International en a dénombré plus de 2200 sur une période de 10 ans. Et c’est ce pays qui a été choisi par l’ONU pour présider une commission consultative auprès du Conseil des droits de l’Homme !

Nous avons eu un échantillon du concept de monarchie absolue quand le roi d’Arabie Saoudite a fait réserver une plage du sud de la France à son usage exclusif cet été. Le roi Salmane ne supporte aucune contestation. On se souvient de ce blogueur condamné à 1000 coups de fouet et 10 ans de prison pour avoir critiqué l’Islam et le régime. D’autres militants sont régulièrement condamnés pour leurs propos, réels ou supposés. Si les aveux tardent, le recours à la torture y pourvoit. Dans ce pays qui bafoue les droits de l’homme, la femme est encore plus mal traitée. Si les Saoudiennes viennent tout juste d’obtenir le droit de vote aux élections locales, elles sont toujours interdites de conduite automobile.

À part les ONG qui dénoncent régulièrement ces manquements aux droits élémentaires, la contestation internationale est plutôt faible. La France, pour sa part, s’est contentée de demander à l’Arabie Saoudite de renoncer à l’exécution en rappelant son opposition à la peine de mort. Un service minimum que beaucoup ont trouvé choquant, mais des critiques malvenues s’agissant des tenants de la droite qui n’a pas été plus regardante avec des tyrans patentés tels que Mouammar Kadhafi ou Bachar al-Asad. Seule Rama Yade a eu l’honnêteté de reconnaitre qu’il était difficile d’échapper à la « realpolitik ». Car l’Arabie Saoudite détient pour l’instant les clés du pétrole à bon marché : en ne réduisant pas sa production, ni celle de l’OPEP, où elle fait la pluie et le beau temps, elle mise sur l’appauvrissement des exploitants américains de gaz et de pétrole de schiste, pour mieux reprendre la main ensuite. Sans oublier qu’elle pourrait jouer un rôle décisif dans la lutte contre Daech, qui ne peut être détruite que par des forces terrestres.