Anne de Bretagne

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Catégorie : Diabloguiste
Publié le dimanche 4 août 2024 10:27
Écrit par L'invitée du dimanche

Bretonne de cœur et d’adoption, je me dois de lui rendre hommage ici !

Née en 1477 à Nantes, aucun de ses parents n’était breton, donc elle ne parlait pas la langue, pourtant elle deviendra et restera à travers les temps, un symbole de la résistance bretonne.

À la mort de son père François II, elle a 12 ans, elle hérite du duché de Bretagne. Avec sa capitale Rennes, ce duché a une cour, une chancellerie, une université, une armée, il fixe les impôts, il bat la monnaie… Il est très convoité par le roi de France, Charles VIII.

Pour échapper à sa pression, elle tentera un mariage par procuration avec Maximilien d’Autriche, héritier du Saint Empire germanique, allié des Anglais, des Espagnols, ennemis de la France. Charles VIII réagit et marche sur Rennes. Anne est acculée, elle rompt le mariage et épouse Charles VIII à qui elle apporte le duché, elle a 14 ans, elle sera couronnée reine de France. Elle négocie, si Charles VIII meurt avant elle, elle récupère son duché, sinon le roi en devient propriétaire de plein droit. Elle obtient que tous les privilèges des Bretons en matière d’impôt et de justice soient reconduits et garde une autonomie relative.

En 1498, Charles VIII meurt par accident sans héritier, pour donner un héritier au royaume, Anne épouse son successeur, Louis XII, à Nantes. Toujours soucieuse de protéger son duché, elle obtient que si elle meurt sans héritier, le duché reviendra à la branche des Monfort, sa lignée d’origine pour préserver son avenir et son indépendance. Elle garde la haute main sur l’administration locale à laquelle elle associe la noblesse bretonne, imposant ses conditions à Louis XII.

De ses 9 enfants, 2 survivront, Claude et Renée, filles de Louis XII. Louis XII fiance Claude à 7 ans à l’héritier qu’il s’est choisi, François d’Angoulême, 12 ans, qui deviendra François Ier. Le dauphin est couronné François III, duc de Bretagne, dans « l’édit du Plessis Macé » qui scelle l’union définitive du duché et de la France. Anne y obtient que soient confirmés tous les privilèges des Bretons, même privilégiée, la Bretagne devient une province.

La duchesse en sabots n’a pas su en garder l’indépendance, but de toute sa vie, de plus sa fille Claude fera de François Ier son successeur, annulant le souhait de sa mère de le choisir chez les Monfort ! Mais elle a usé de son pouvoir sur ses deux maris, elle a eu l’autorité d’une souveraine sur son duché, de 1488 à 1491, dès le décès de Charles VIII, de 1498 à 1513.

C’est la fin du Moyen Âge, Anne, cultivée, érudite, a mis en place une cour personnelle où les femmes tiennent la première place, elle y montre son attachement aux Beaux-Arts, littérature, peinture, musique, architecture… Véritable mécène, elle introduit la renaissance italienne comme le montrent les embellissements du château de Nantes, son oratoire à Loches ou les jardins d’Amboise et de Blois !

De constitution fragile, infirme, tuberculeuse, elle meurt le 9 janvier 1514 à Blois. Le roi lui fait des funérailles solennelles à Saint-Denis, où repose son corps, mais son cœur sera conduit à Nantes dans un reliquaire en or… tout un symbole sur les deux Anne, celle de France et celle de Bretagne.

Pour ses maris, elle était la reine la plus brillante d’Europe ! Pour l’histoire, c’est une femme politique avant l’heure.

L’invitée du dimanche