Lettre à un ami insoumis
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 23 juillet 2024 10:53
- Écrit par Claude Séné
Que la gauche soit plurielle n’est pas pour me déplaire, du moment qu’elle est en mesure de s’entendre sur les sujets les plus importants. Elle a démontré qu’elle en était capable à divers moments cruciaux de la vie démocratique et politique de notre pays, généralement dans l’urgence comme récemment pour la désignation des postes-clés de l’Assemblée nationale. Elle bute cependant sur le choix d’un porte-drapeau qui la représenterait à l’hôtel Matignon pour porter le programme du nouveau Front populaire, mais contrairement à François Ruffin qui déplore que, selon lui, la fenêtre d’opportunité soit refermée, je pense qu’un accord reste possible à tout moment.
Il me semble que les points de convergence entre les formations qui composent le NFP sont suffisants pour mettre en œuvre un programme de mesures urgentes telles que le retrait de l’âge de la retraite à 64 ans ou l’augmentation des bas salaires, pour ne citer que ces deux thèmes emblématiques. Je voudrais cependant attirer l’attention sur un sujet, qui, à mon avis, crée beaucoup de confusion, car il est exploité massivement par les adversaires de la gauche. Et c’est une réputation d’antisémitisme, baptisée parfois sous le nom d’islamogauchisme, et qui est alimentée par des positions très mal comprises de certaines personnalités. Un exemple entre tous, cette déclaration de l’ancien député insoumis Thomas Portes au sujet des Jeux olympiques, reprenant une formule d’Anne Hidalgo à propos des athlètes russes qui ne sont pas les bienvenus, en l’appliquant aux sportifs israéliens. Ce n’est tout simplement pas audible, quoi qu’on pense de la politique menée par le Premier ministre Benyamin Netanyahou.
Le débat est piégé du fait que l’État d’Israël n’est pas indépendant de la religion, et qu’il devient impossible de critiquer sa politique sans être soupçonné d’antisémitisme et de vouloir sa disparition de la carte du monde. C’est quand même paradoxal que la gauche qui a défendu le capitaine Alfred Dreyfus contre les accusations mensongères de haute trahison proférées à son encontre se retrouve elle-même assimilée au camp de ceux qui le voulaient coupable, parce que juif, par pure idéologie. Je ne peux pas croire que les héritiers d’Émile Zola soient sincèrement et foncièrement propagandistes de sentiments antisémites, comme ceux qui resurgissaient malgré lui dans l’expression du général de Gaulle quand il parlait des Juifs : « ce peuple sûr de lui et dominateur. » Dans ces conditions, la polémique est à proscrire, ce qui n’empêche pas de soutenir toute initiative de paix, dont on sait qu’elle ne pourra passer que par la reconnaissance de deux états souverains. Le sujet est hautement inflammable dans les cités entourant les grandes villes, et la France n’est malheureusement pas à l’abri de l’exportation de ce conflit dans les pays occidentaux. Attention à ne pas confondre les peuples avec ceux qui les représentent.