Hiérarchie

Impossible, ce dimanche encore, de ne pas se préoccuper de la question « des migrants » qui mobilise médias, spécialistes politiques et instances morales.… Pour ma part, citoyenne lambda, bien que souscrivant sans restriction au principe d’accueil de tous ces humains déambulant dans la souffrance, dans l’humiliation, voire l’agression, vers un avenir meilleur, je me suis interrogée : fallait-il être submergé par le nombre pour se pencher sur la résolution du problème ? Cela fait 25 ans que des migrants vivent dans des conditions inacceptables aux portes de Calais entre autres, attendant désespérément un passage vers l’eldorado anglais. Leur situation est tout aussi scandaleuse que celle de tous ces errants sur les routes d’Europe.

Puisque l’on est en train enfin de se préoccuper dans les communes, dans les régions, dans les villes, dans les pays européens, de trouver des solutions d’hébergement d’accueil dignes de ce nom, pourquoi a-t-on laissé la situation pourrir à ce point aux portes de l’Angleterre ou sur les trottoirs de Paris ?

Ceux qui sont demandeurs de cette échappée, sont-ils moins dignes de considération que leurs frères ? Ils viennent eux aussi, d’Érythrée, du Soudan, d’Éthiopie, d’Afghanistan, de Syrie, d’Irak… À quelle catégorie appartiennent-ils ? sont-ils migrants ? Réfugiés ?

Est migrant tout individu qui a quitté volontairement son pays d’origine et est en chemin vers un autre, quelles que soient les raisons de son départ, guerre, misère économique, raisons politiques ou culturelles et climatiques, première cause de migration « forcée ». N’ayant pas la classification de réfugiés, puisqu’un réfugié « est une personne qui se trouve hors du pays dont elle a la nationalité ou dans laquelle elle a sa résidence habituelle, et qui du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un groupe social déterminé ou de ses opinions politiques, craint avec raison d’être persécuté et ne peut se réclamer de la protection de ce pays ou en raison de ladite crainte ne peut y retourner ». Article 1 de la Convention de Genève de 1951. Quel sort sera réservé à ces personnes déplacées, quelle sera leur place dans la hiérarchie du malheur ?

Migrant ou réfugié, est-ce ce qui justifie la différence de traitement envers les différents exilés affluant actuellement vers l’Europe ? C’est évident que la situation de guerre avec la menace directe sur la vie est dramatique, mais, fuir la famine et la misère ne mérite-t-il pas autant compassion et aide ? Faut-il faire une hiérarchie dans les détresses, et laisser les migrants vulgairement appelés sans-papiers ou clandestins survivre dans des conditions inacceptables ? Il n’y a sûrement pas eu encore assez de morts dans le passage du tunnel de la Manche, pour que la prise en compte de la situation donne autre chose que quelques tentes visitées par notre premier ministre. Peut-être un enfant de trois ans écrasé par un routier ou victime des coups d’un CRS ferait-il l’affaire pour décider Monsieur Cameron à accueillir 2000 exilés de plus ?

L’invitée du dimanche