Casse-tête

L’évolution de l’opinion publique sur la question des réfugiés pose un véritable problème à la droite française en général et à Nicolas Sarkozy en particulier, qui a dû se livrer à un numéro d’équilibriste pour jongler avec des concepts antinomiques pour exprimer une position de fermeté tout en donnant une impression de compassion à l’égard des victimes. Comme il fallait s’y attendre, il n’y est pas parvenu, en faisant seulement naitre la confusion dans son propre camp. L’ancien ministre Benoist Apparu a beau insister sur le fait que les ténors de droite seraient d’accord sur l’essentiel, il apparait clairement qu’ils sont d’accord essentiellement sur le fait qu’ils doivent être d’accord, peu importe sur quoi. Vous suivez ?

 

Non ? Ce n’est pas étonnant. Le lider maximo lui-même s’est emmêlé les pinceaux dans son discours de clôture de la petite sauterie des Républicains à La Baule, en déclarant que la France avait toujours été « du côté des dictateurs ». Voilà ce que c’est de faire le malin en improvisant au lieu de s’en tenir au texte concocté par le nègre, pardon, la plume de service. Comment le sais-je ? C’est simple, la phrase litigieuse contient la marque de fabrique de son auteur : « il y a quelque chose que je suis très attaché ». Chapeau, l’artiste ! Donc, l’évangile selon Sarko stipule que nous devons faire « une guerre totale » en Syrie, sans toutefois déployer de troupes au sol. Chacun y retrouvera ses petits.

Même clarté en ce qui concerne les migrants, que la charité la plus élémentaire lui impose d’accueillir, sans toutefois s’engager sur un nombre, et en multipliant les obstacles pour les dissuader. D’abord en essayant de les contenir dans les pays limitrophes, où ils seraient parqués dans des camps. Ensuite, en revenant sur les accords de Schengen pour rétablir les contrôles aux frontières. Enfin, en les dégoûtant de la France en supprimant les prestations sociales les 5 premières années et en limitant l’aide médicale à la stricte survie. Mais alors, me direz-vous, qu’est-ce qui différencie la position de Sarkozy de celle de Marine Le Pen ? Eh bien, on se le demande. Heureusement, le guide suprême nous donne la réponse, et, là aussi, c’est du Sarko dans le texte : « L’immigration zéro qu'elle prétend est un mensonge et, du point de vue des valeurs humaines, une honte (…) ». Dont acte.