Un saut dans l’inconnu
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 17 juin 2024 10:35
- Écrit par Claude Séné
C’est ce à quoi nous invite le président de la République en feignant de se comporter en démocrate qui donne la parole au peuple, alors que son objectif reste toujours de dynamiter ce qui reste des oppositions de droite et de gauche en tablant sur leurs divisions, tout en espérant que les Français feront le travail à sa place en maintenant le Rassemblement national en dessous de la majorité absolue. C’est bien entendu un jeu extrêmement dangereux, une forme de pari très risqué, dans lequel il pourrait perdre le peu de légitimité qui lui reste, mais ce sont les citoyens qui ont le plus à craindre avec l’avènement possible de l’extrême droite au pouvoir, dès cet été.
Si l’on se base sur les premiers sondages, qui confirment le rapport de force entre les trois principaux blocs qui se présentent aux suffrages, les partis présidentiels feraient à peine mieux que leur liste aux élections européennes, et ne pourraient pas réunir une majorité, même relative, à l’Assemblée nationale. Le bloc de l’extrême droite serait probablement en tête, sans nécessairement détenir une majorité absolue, et le bloc du nouveau Front populaire serait sans doute en 2e position, à moins d’une dynamique d’entre deux tours lui étant favorable. Reste à savoir ce que ferait Emmanuel Macron, qui s’est comporté de manière totalement imprévisible après sa défaite cuisante aux Européennes. Selon l’usage, le président de la République nomme Premier ministre le leader de la formation arrivée en tête aux élections législatives, mais rien ne l’y oblige expressément dans la Constitution. D’ailleurs, si d’aventure le parti présidentiel réussissait un redressement dans les urnes, ce qui est peu probable, c’est le président qui désignerait la personnalité de son choix dans son propre camp, y compris s’il voulait renouveler sa confiance au Premier ministre actuel.
Je crois Emmanuel Macron capable de tout pour se maintenir au pouvoir. Pactiser avec le Rassemblement national, comme tenter de faire alliance avec tous ses opposants actuels, au nom d’un hypothétique gouvernement d’union nationale. Les présidents de la 5e république qui ont été confrontés à une situation de cohabitation ont tous joué le jeu, de plus ou moins bonne grâce, et leurs opposants aussi d’une certaine manière, en leur laissant quelques « domaines réservés » leur permettant de garder un rôle. En général, leur popularité a bénéficié de cette attitude conciliante. Comme Emmanuel Macron ne peut pas se représenter pour un 3e mandat, il est à craindre qu’il persiste dans une attitude irresponsable sans se soucier des intérêts du pays et de ses citoyens. Si aucun parti ne détient de majorité, il faudra attendre au minimum un an avant de dissoudre à nouveau, et pour quel résultat ? À moins qu’il se dissolve lui-même en mettant fin à ses fonctions de façon anticipée, et prolonger ainsi une période d’incertitude.