Engrenage

Je veux parler aujourd’hui de cet enchaînement de faits ou de circonstances qui se compliquent mutuellement, dont on ne peut se dégager, enchaînement de faits auxquels on ne peut échapper !

On parle de l’engrenage de la violence, de la répression, et des engrenages politiques que l’on appelle parfois les rouages, en référence à la définition première de l’engrenage qui met en transmission des pièces crantées.

Pour ces derniers, on constate que l’homme politique avance en aveugle, d’autant plus qu’il s’imagine clairvoyant et puissant. Poincaré avec Joffre puis plus tard Pétain, se sont isolés du peuple qu’ils sont supposés conduire et l’ont emmené à la guerre ! La référence à la situation politique actuelle paraît saisissante. Macron a mis le doigt dans l’engrenage, en se lançant imprudemment dans une action dont les conséquences seront néfastes, sans pouvoir s’en sortir, en décidant la dissolution de l’Assemblée nationale ! Il fait se confronter la nation à un entraînement irrémédiable, non maîtrisable, dans un enchaînement de situations désagréables qu’il faut subir. Nous sommes engagés dans un processus auquel on ne peut plus échapper. L’idée d’engrenage apparaît alors pour ce qu’elle est : la version moderne de la fatalité, ou l’excuse paresseuse devant l’échec.

C’est toujours lorsque les politiques se croient pris dans un étau que leur habileté ne parvient plus à desserrer, que débutent les guerres ou les révolutions, accélérateurs de réveil du peuple. C’est alors que peuvent se lever des esprits bien-pensants démontrant qu’il ne sera pas d’autres solutions pour répondre à l’urgence qu’un État fort et dictatorial ! Le pire est toujours prévisible, mais pas certain pour autant, « là où croît le péril, nait aussi ce qui sauve ». Tout se jouera dans les urnes prochainement.

Pour ce qui est de l’engrenage de la violence, qui apparaît souvent comme le seul remède à se faire entendre, il révèle un profond malaise social. Ce dernier se construit par engrenage : un sentiment d’injustice, un constat de discrimination raciale à l’embauche, le délit de faciès, un fort ressentiment de rejet au quotidien, les rivalités ethniques et religieuses, les replis communautaires, et bien sûr le chômage qui conduit à la création de l’économie parallèle (drogue, commerce d’objets volés), qui débouche à la fin de l’engrenage sur les rivalités entre bandes pour protéger son territoire… À la fois cause et conséquence c’est un cercle vicieux, la réaction aux violences policières crée des situations d’émeutes, lesquelles provoquent à nouveau des interventions disproportionnées, etc., autant de situations qui permettent aux bien-pensants susnommés, de développer des discours sécuritaires et antiimmigration qui font mouche !

Que dire de l’engrenage individuel, qui conduit à la perte de sa dignité parfois, au désespoir et à la rue… c’est souvent le même scénario, banal, mais terrifiant, rupture familiale, alcoolisme, cause ou conséquence, licenciement, chômage… emprise d’une addiction… glissement inéluctable vers une certaine déchéance pour ne pas avoir su maîtriser les événements !

La notion d’engrenage semble toujours associée à des effets négatifs, peut-on y échapper ? Est-ce un processus inhérent à la vie elle-même ? Quel serait son contraire ? La chance ? L’opportunité ? Je n’ai pas les réponses, mais…

Ayant mis moi-même le doigt dans l’engrenage de ce concept, je réserve un deuxième billet aux engrenages géopolitiques qui impactent le monde entier.

L’invitée du dimanche