Manipulations

Une manipulation peut en cacher une ou plusieurs autres. La France, notamment du fait de la préparation des Jeux olympiques, mais pas seulement, semble être devenue le terrain de jeu favori d’organisations ou d’individus aux motivations et objectifs différents. La découverte récente de cinq cercueils près de la tour Eiffel supposés contenir les corps de soldats français qui seraient morts en Ukraine semble être une réponse aux allusions répétées d’Emmanuel Macron à un envoi possible de troupes au sol pour appuyer l’armée ukrainienne. Les propagandistes russes à la télévision n’ont pas manqué de fanfaronner sur le sort qui serait réservé à nos soldats s’ils se risquaient à pénétrer dans les zones de conflit, leur promettant une extermination totale.

De là à voir la main de Moscou dans cette affaire de cercueils, il n’y a qu’un pas, et il semble normal de le franchir, d’autant que les services russes n’en sont visiblement pas à leur coup d’essai dans cette forme de guerre moderne, qualifiée le plus souvent d’hybride, car elle mélange l’emploi d’armes conventionnelles et de guerre psychologique, voire de terrorisme pur et simple. Après cette démonstration supposée faire peur aux populations et impressionner les autorités françaises, trois suspects ont été interpelés, de trois nationalités différentes : un Bulgare, un Allemand, et pour brouiller un peu plus les pistes, un Ukrainien, dont on comprendrait mal les motivations, à part l’argent. Ces trois personnes auraient touché une somme dérisoire entre 120 et 400 euros, et tentaient de quitter le territoire. On est d’autant plus enclin à penser qu’ils ont été téléguidés par la Russie, que le lien a été formellement établi dans une autre affaire, celle dite des « mains rouges » apposées sur le mémorial de la Shoah, dans laquelle un suspect a été identifié. Lui aussi était bulgare et n’a pas encore été interpelé. Précédemment, c’est un couple de Moldaves qui a été arrêté par les services français dans une tentative de manipulation antisémite basée sur des tags de l’étoile de David rappelant le drapeau israélien.

Dans le projet d’attentat déjoué à Saint-Étienne, qui devait viser la compétition de football des JO, c’est la filière tchétchène qui semble à l’ouvrage. Depuis les guerres qui ont ravagé le pays et du fait de la répression sauvage de toute contestation par leur président, Ramzan Kadyrov, vassal et fidèle soutien de Vladimir Poutine, une importante communauté tchétchène s’est réfugiée en Occident et notamment en France, mais a des difficultés à s’intégrer. On lui impute aussi bien l’attaque au couteau dans le quartier de l’Opéra à Paris en 2018, que les assassinats de Samuel Paty en 2020 ou de Dominique Bernard en 2023. Heureusement, les services français se sont adaptés à la menace et de nombreux attentats ont été déjoués. Le risque reste cependant élevé à l’approche des Jeux olympiques.