Parallèles
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 27 mai 2024 11:17
- Écrit par Claude Séné
Les deux conflits n’ont pas grand-chose en commun. D’un côté, une guerre qui dit enfin son nom après des années de soi-disant « opérations spéciales » pour désigner la tentative d’annexion de l’Ukraine par son puissant voisin russe dirigé par un autocrate mégalomane qui menace la terre entière d’une confrontation nucléaire, si on ne lui donne pas son jouet. De l’autre côté, une sorte de non-guerre, mais tout aussi meurtrière entre des adversaires qui prétendent à leur légitimité exclusive sur un territoire dont ils seraient le peuple élu. Des adversaires qui ne se reconnaissent même pas mutuellement, sinon pour se diaboliser l’un l’autre.
Et dans les deux cas, ce sont les populations civiles qui payent le plus lourd tribut devant une communauté internationale relativement impuissante malgré des appels de plus en plus pressants à respecter au minimum les lois de la guerre. Sur les deux champs de bataille a eu lieu très récemment ce que leurs auteurs qualifient pudiquement « d’incident ». En Ukraine tout d’abord, c’est un supermarché qui a été touché à Kharkiv, la deuxième plus grande ville après la capitale, Kiev, faisant au moins 16 morts et de nombreux blessés ainsi que l’incendie des locaux. Selon l’agence Tass, émanation du gouvernement russe, la cible du missile était « un entrepôt militaire et un poste de commandement ». Vraiment ? Dans un magasin de bricolage ? De son côté, les frappes de l’armée israélienne sur le camp de réfugiés palestiniens près de Rafah ont été présentées comme « des cibles légitimes » qui visaient « un complexe du Hamas », dont deux « terroristes ». Pas un mot à ma connaissance pour les 40 morts et les 65 blessés recensés pour le moment, un bilan qui risque de s’alourdir encore dans les heures qui viennent.
Un autre point commun entre ces situations, c’est qu’il n’y a que les États-Unis qui semblent disposer de la puissance économique et militaire suffisante pour imposer aux belligérants une sortie de l’état de guerre. Concernant la guerre d’agression de la Russie, l’administration américaine a fixé ses limites, en annonçant des représailles massives en cas d’utilisation d’armes nucléaires, même de faible portée. Cependant, la proximité des élections présidentielles limite les candidats dans leur soutien à l’Ukraine. Tout se passe comme si les USA ménageaient la chèvre et le chou pour éviter une déroute de l’Ukraine, sans que la Russie ne puisse ni perdre ni gagner cette guerre. En ce qui concerne le conflit israélo-palestinien, leur position n’est pas beaucoup plus claire dans le désir de ne perdre ni l’électorat musulman ni le vote juif. Le résultat en est ce conflit littéralement interminable, dont ne tirent profit que les dirigeants qui se maintiennent mutuellement sans que personne ne semble pouvoir en sortir gagnant.