Un prof devant chaque classe
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 14 mai 2024 10:58
- Écrit par Claude Séné
Telle était la promesse de la rentrée 2023, non tenue bien entendu, et qui sera renouvelée pour la future rentrée avec aussi peu de chances d’y parvenir, puisque l’on sait d’ores et déjà que le nombre de candidats aux concours de recrutement pour le premier comme le second degré sera nettement insuffisant au moins dans certaines académies pour permettre de pourvoir tous les postes nécessaires. Au point que le ministère de l’Éducation commence déjà à mettre en place le recrutement de professeurs contractuels qui seront lâchés dans la nature avec peu ou pas de formation professionnelle. Un recul d’une bonne soixantaine d’années, au temps des « titulaires-remplaçants » ou des « suppléants éventuels ».
Pourquoi le métier d’enseignant n’attire plus, ou moins ? Il suffit de lire les faits-divers pour en connaître une des raisons, avec des incidents, des incivilités fréquentes, qui débouchent malheureusement parfois aussi sur de vrais drames. Ce manque de reconnaissance se traduit également en espèces sonnantes et trébuchantes. Le métier continue d’être mal rémunéré, malgré les annonces ronflantes du président de la République, qui sous-entend que les profs devraient travailler davantage en échange de la revalorisation normale qui leur est due. Le manque de considération du pouvoir à l’égard de ses enseignants se traduit aussi par la désinvolture avec laquelle les décisions les concernant sont prises sans la moindre concertation avec leurs institutions représentatives. Pour remplacer le précédent ministre choisi par Brigitte Macron pour son conservatisme déguisé en modernisme, il n’a pas fallu moins de trois personnes : Nicole Belloubet, titulaire du poste après l’exfiltration forcée d’Amélie Oudéa-Castéra, mais aussi, le Premier ministre, qui en fait son jardin secret, et le Président, dont ce serait un des domaines réservés. Le résultat, prévisible, est une cacophonie indéchiffrable.
Pour tenter de rendre son attrait à ce qui fut un temps considéré comme « le plus beau métier du monde », en même temps qu’un des plus impossibles, Emmanuel Macron a réinventé l’eau chaude en proposant un parcours de formation original, similaire à celui des écoles Normales d’antan, et rémunéré à hauteur de 900 euros par mois la première année. J’aimerais connaître le salaire de celui qui a suggéré ce montant insultant, mais passons. L’important serait de susciter de véritables vocations, ce qui passe par l’assurance que donne une bonne maîtrise de son sujet. Ce que peut apporter une formation pédagogique adossée à la pratique, une bonne connaissance disciplinaire est indispensable, mais c’est la personnalité du professeur qui fait la différence, qui fait qu’un élève se réjouit « d’avoir » tel enseignant plutôt que tel autre, et lui donne l’envie d’apprendre. Ce savoir-être, lui aussi, peut se travailler, par une pratique bien encadrée.