La flemme olympique
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 13 mai 2024 09:28
- Écrit par Claude Séné
Il reste encore plus de deux mois avant le début de l’évènement proprement dit, et j’ai l’impression que je sature déjà. Dans une première phase, on a beaucoup glosé sur les risques de toutes sortes, à commencer par le plus évident, le défi d’assurer la sécurité des spectateurs désireux d’assister aux épreuves olympiques en dépit des menaces inévitables de profiter de l’énorme caisse de résonance des Jeux de la part d’organisations ou d’individus en mal de notoriété. Faute d’évènements vraiment intéressants, les médias montaient en épingle le moindre incident qui pouvait conduire à un retard catastrophique du point de vue de l’image touristique de notre pays.
Les journalistes ont escompté l’existence d’un plan B, puis C, puis D, au cas où la cérémonie d’ouverture ne pourrait pas se dérouler comme prévu sur une Seine probablement impraticable bactériologiquement. Les trains qui arrivent à l’heure n’intéressant personne, on a prédit l’apocalypse dans les transports, et la prophétie peut devenir autoréalisatrice. On notera au passage que l’on est passé d’une promesse de transports en commun gratuits, à un doublement pur et simple du prix du billet à l’unité. Et puis les affaires sérieuses ont commencé avec le feuilleton de la flamme olympique, qu’il a fallu aller chercher en Grèce, dans le berceau de l’olympisme. On a pu assister à une première joute oratoire autour du bateau chargé du transport, le Belem, bien connu des Nantais, puisqu’il a été construit aux chantiers Dubigeon il y a 128 ans. J’ai eu l’impression que tous les journalistes participaient à un défi dans lequel il n’était permis de dire ni oui, ni non, ni fameux. En effet, chacun devait penser à la chanson d’Hugues Auffray en évoquant le « célèbre » trois-mâts et s’efforçait d’éviter l’écueil en usant de subterfuges et de périphrases. J’imagine que les rédactions devaient être équipées de tirelires, de sébiles, de nourrains, voire de vulgaires boites en carton pour recueillir les amendes encourues pour l’usage du mot défendu. La récolte a cependant dû être maigre, car, pour ma part, je n’ai entendu aucun professionnel se laisser prendre au piège, pourtant extrêmement tentant.
Nous n’en sommes encore qu’aux amuse-gueules, pardon, à la mise en bouche, selon le bréviaire de la nouvelle gastronomie, et j’ai déjà l’impression d’avoir les dents du fond qui baignent. J’ai le sentiment qu’on va en bouffer jusqu’à la lie, du sportif de haut niveau, généralement plus à l’aise dans l’exercice de sa spécialité que devant micros et caméras. Sans compter que les résultats des compétitions, malgré le mantra du « le principal, c’est de participer », vont être scrutés à la loupe, et que les politiques vont rivaliser de cocoricos à la moindre médaille, comme il est d’usage en pareil cas. On ne peut donc que frôler l’overdose. La plupart des Franciliens l’ont bien compris, qui envisagent de déserter leur habitat pendant la période critique.
Commentaires