Le droit à la futilité

C’est celui que je revendique aujourd’hui après des semaines de sujets sérieux, ou graves, voire dramatiques. Figurez-vous que le journal Libération est persuadé d’avoir démasqué un compte secret de Marine Le Pen sur Twitter, qu’elle tiendrait sous un pseudonyme, alors qu’elle possède par ailleurs un compte « officiel » où elle répand sa prose et ses thèses plus que contestables. La parole est à la défense. Libé a débusqué un compte au nom d’Anne Lalanne, qui reprend les positions du FN en relayant les tweets d’autres personnalités du parti telles que Louis Alliot, le compagnon de Marine Le Pen.

Or, Anne est le deuxième prénom de Marine, et Lalanne le nom de jeune fille de sa mère. 1er indice. 2e indice, le hashtag du compte est @enimar68, soit l’anagramme de son prénom, suivi de l’année de sa naissance (eh oui, il n’y a pas eu que de bonnes nouvelles cette année-là). Au débit du journal, le nombre d’abonnés à ce compte n’était que de 230 avant que cette publicité ne booste subitement son audience. La supposée Anne Lalanne remercie d’ailleurs Libération pour ce coup de pouce non sollicité, tandis que la présidente du FN dément la nouvelle. Qu’elle soit fondée ou non, chacun sait qu’une rumeur et un démenti font deux informations. Libération est coutumier de la chose, puisqu’il avait déjà en 2013 relayé la rumeur selon laquelle Laurent Fabius possédait un compte en Suisse, information jamais confirmée.

Et quand bien même Marine Le Pen disposerait d’un compte caché, on ne perçoit pas très bien l’avantage qu’elle pourrait en retirer. Elle ne s’est jamais privée, que je sache, de déverser son fiel sur son compte officiel et d’y développer ses théories pernicieuses. Elle n’a pas non plus utilisé le compte d’Anne Lalanne pour dire tout le mal qu’elle pensait d’un membre proche de sa famille qui ne se résigne pas à mourir dans son coin en évitant de proférer des énormités plus du tout dans la ligne qu’elle veut promouvoir pour faire croire à son honorabilité. À moins qu’elle ne veuille disposer d’une adresse commode pour communiquer avec un certain Paul Bismuth, qu’elle prétend combattre publiquement, mais qui pourrait se révéler un partenaire fréquentable en cas de besoin.

Si jamais ces deux-là finissent par s’acoquiner, et qu’ils fassent des petits, par pitié, et dans l’intérêt national, noyez-les à la naissance.