À quatre pas d’ici
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 3 septembre 2015 10:55
- Écrit par Claude Séné
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’université d’été du parti socialiste à La Rochelle a été plutôt mouvementée. Au point que certains responsables politiques ont cru pouvoir jeter de l’huile sur le feu en affirmant que Manuel Valls avait giflé un militant qui sifflait le nom d’Emmanuel Macron. Le magazine Closer s’est procuré la vidéo de l’incident et publie le « document » qui montre une discussion animée entre le premier ministre et un jeune homme chevelu, ponctuée par deux tapes que l’on suppose amicales sur la joue du militant. La scène étant filmée dans le brouhaha du dîner de clôture, on ne distingue pas le dialogue.
Selon Manuel Valls, il aurait tancé le jeune socialiste pour ses mauvaises manières et l’aurait morigéné sur son attitude. De fait, on a l’impression à l’image de voir Napoléon pinçant la joue d’un futur grognard, plutôt que d’un noble souffletant un rival pour l’obliger à vider la querelle sur le pré, à l’aube, en présence de quatre témoins. Il faut d’ailleurs se souvenir que le dernier duel officiel de l’histoire de France a eu lieu en 1967 et opposait Gaston Deferre, député de la SFIO et maire de Marseille, à un certain Ribière, député gaulliste qu’il avait traité d’abruti.
L’histoire du soufflé étant largement retombée, il reste le fond du différend. Il y a dans le PS actuel une direction qui soutient le gouvernement dont l’orientation gestionnaire et modérée n’a fait que se renforcer au fil des remaniements, et une opposition symbolisée par le mouvement des frondeurs qui voudrait voir mener une politique plus conforme aux valeurs traditionnellement défendues par la gauche. Ce sont eux qui criaient « Taubira à Matignon » et conspuaient Emmanuel Macron qui s’est prudemment abstenu de venir à La Rochelle, préférant réserver sa présence au Medef, où il se sait mieux accueilli. Ces deux gauches coexistent depuis longtemps au PS, mais rien n’indique qu’elles soient en mesure de trouver un accord de gouvernement pour infléchir le cours du reste du quinquennat. Il fallait le charisme d’un Mitterrand pour fédérer des tendances aussi opposées, et l’on ne voit pas plus de relève de cette trempe à gauche que de nouveau De Gaulle à droite.