Zorba est arrivé

Sans s’presser, le grand Zorba, le beau Zorba, avec son cheval et son grand chapeau. Ou plutôt avec sa moto, la monture affectionnée de l’ancien ministre grec des finances, à la fois pratique et décontractée, démontrant s’il en était besoin qu’il a su rester simple, proche du peuple, à l’opposé de ces politiciens technocrates qui dictent leur loi, ou celle du marché, sans se préoccuper du sort des humbles. S’il n’est plus vraiment prophète en son pays depuis que Tsipras l’a débarqué du gouvernement pour faciliter les négociations avec l’ogre de la troïka européenne, symbolisé par son homologue allemand, Wolfgang Schäuble, on se l’arrache en France.

Invité vedette de la traditionnelle Fête de la Rose à Frangy-en-Bresse, sa présence a éclipsé celle du vice-président d’Habitat, Arnaud Montebourg, qui espère cependant ramasser les miettes de la popularité de Yanis Varoufakis. Avant de prendre le train pour la Saône et Loire, il a trouvé le temps d’un court entretien médiatisé avec Jean-Luc Mélenchon pour discuter de l’idée lancée par le Français d’un plan B qui se veut une alternative au projet européen exclusivement libéral. Plus surprenant, le Canard Enchainé révèle que Yanis Varoufakis aurait également rencontré Dominique Strauss-Kahn, on espère au cours d’un diner, étant donné le genre d’appétit de DSK. Il est vrai que l’ancien directeur du FMI a plaidé pour une restructuration de la dette grecque à laquelle Varoufakis est également attaché. Bref, Varoufakis superstar connait son heure de gloire et donne des idées à ceux qui espèrent apporter une alternative crédible à François Hollande pour 2017. Je suis persuadé que Nicolas Sarkozy n’aurait pas rechigné à prendre la pose avec l’ancien ministre, mais c’est peut-être Yanis Varoufakis qui aurait refusé.

Sur le fond, la ligne incarnée par le bouillant Varoufakis se tient et elle est saluée par de nombreux analystes. Plutôt que de consacrer tous ses efforts à rembourser les créanciers, la Grèce devrait pouvoir relancer sa croissance et faire des investissements productifs. Cette logique est non seulement moralement plus juste, mais aussi économiquement plus efficace. On sait que l’obstination idéologique de nombreux gouvernements européens qui veulent imposer aux Grecs toujours plus de rigueur au nom d’une doctrine ultralibérale dont la réussite n’est pas assurée, mais qui garantit l’appauvrissement des peuples, sera toujours un obstacle à une quelconque alternative. En France comme en Grèce, le bout du tunnel parait encore bien éloigné.