L’entente cordiale
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 21 août 2015 10:27
- Écrit par Claude Séné
On pourrait se réjouir des nouveaux accords passés entre la France et le Royaume-Uni pour tenter de régler l’épineuse question des migrants de Calais, si l’on n’était pas saisi par l’énormité du décalage entre les objectifs et les moyens déployés. Nous préférons, naturellement, que les ministres concernés de chaque côté de la Manche s’entendent plutôt que de se jeter mutuellement à la figure la responsabilité de cet immense gâchis qui voit des êtres humains traités comme des animaux. Malheureusement, les mesures prises d’un commun accord ne sont en aucune manière de nature à résoudre la situation, qui déborde très largement le seul point de fixation qu’est la traversée vers l’Angleterre.
Nos amis britanniques vont donc envoyer une centaine de vigiles prêter main-forte aux 900 policiers français déployés dans la région, et renforcer les barrières et la vidéosurveillance. Admettons que ce dispositif fonctionne plus ou moins. L’effet obtenu sera un ralentissement des passages, et donc un accroissement mécanique du nombre de « migrants » en attente dans la nouvelle jungle, dont on ne sait que faire dans la mesure où ces personnes veulent absolument passer en Angleterre et ne demandent pas l’asile en France. Et ce ne sont pas quelques millions d’euros, promis par le gouvernement anglais, qui vont permettre d’améliorer sensiblement cet état de choses qui ne peut qu’empirer du fait d’une augmentation exponentielle des déplacements de population en direction de l’Europe, en raison des guerres ou de la situation économique catastrophique dans certains pays.
Un diagnostic bien posé par Nicolas Dupont-Aignan, qui propose cependant des solutions inacceptables, telles que la fermeture des frontières et le soutien au dictateur syrien pour endiguer l’exode des populations martyres. Même la chancelière Angela Merkel a pris conscience que la seule réponse envisageable passait par une entente des pays européens, au lieu de laisser chacun se débrouiller comme c’est le cas actuellement. Une position qui tranche avec celle de l’ONU, qui s’est félicitée de l’accord entre la France et l’Angleterre par la bouche du Haut-Commissaire pour les réfugiés. Un paradoxe quand on sait qu’une bonne partie des conflits qui causent ces flux migratoires auraient dû être réglés dans le cadre de l’Organisation des Nations Unies, qui démontre jour après jour son impuissance. Les Européens seraient bien inspirés de ne pas suivre cet exemple et de se mettre d’accord pour accueillir humainement toutes ces populations, dont elle aura besoin à plus ou moins brève échéance.