Un job en or
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 22 août 2015 10:25
- Écrit par Claude Séné
Il n’y a pas si longtemps, le parangon de la sinécure, le nec plus ultra de l’emploi le plus planqué, la situation la plus de tout repos, bref le job de rêve, était supposé être celui de photographe au journal Le Monde. Il faut dire qu’à cette époque-là, le quotidien du soir ne publiait aucun cliché, la seule concession à l’illustration consistait en un dessin de presse qui a survécu et tient souvent lieu d’éditorial. Oubliez tout ça, le nouveau boulot idéal pour ne pas se fatiguer a été attribué à Monsieur Chen Jining en février dernier et c’est le poste de ministre de la Protection de l’Environnement en République démocratique de Chine.
Je vous jure que ça existe, bien que vous auriez toutes les raisons d’en douter. Il suffit de voir des photos des principales villes du pays pour constater l’état de pollution atmosphérique avancé qui a amené à réduire considérablement l’activité pendant les Jeux olympiques de Pékin pour permettre aux athlètes de respirer normalement. Le nouveau ministre remplace Zhou Shengxian, notoirement incompétent, qui a pris une retraite bien méritée après avoir constaté que son administration était gangrenée jusqu’à l’os par la corruption. Depuis lors, les choses suivaient leur cours et le train-train habituel. Après tout, il n’y avait « que » 16 % des sols qui étaient contaminés, quand est survenue la catastrophe de Tianjin, qui devrait faire sérieusement augmenter le pourcentage. Sans compter que Tianjin qui pointait à la 10e place des villes les plus polluées de Chine devrait disputer les toutes premières places à ses concurrentes.
Car les explosions gigantesques de la ville portuaire ont changé la donne en faisant la une des journaux, y compris en Chine. Le stockage massif de produits dangereux n’a pas pu se faire en toute illégalité sans la complicité d’autorités locales ou nationales, et il faut à présent gérer les conséquences de ce dramatique accident. Et c’est là que nous retrouvons le ministère de l’environnement, chargé d’expliquer que les mesures de précaution prises tardivement suffisent à éloigner tout danger pour la population. Des images ont fait le tour des médias ces jours derniers, montrant des milliers de poissons morts échoués à quelques kilomètres du lieu des explosions, cependant que les autorités ont fait savoir qu’aucune trace de cyanure n’avait été relevée dans le voisinage. Un vrai miracle si l’on considère que la concentration en cyanure à l’épicentre est 356 fois plus élevée que le maximum toléré. Le job en or pourrait bien changer prochainement de titulaire, alors qu’il n’a rien fait.