Spleen
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 16 août 2015 10:36
- Écrit par L'invitée du dimanche
Dans l’insondable association d’idées, toujours orientée vers la poésie, l’amitié, l’amour, m’a entraînée vers les deux amis, Rimbaud et Verlaine, poètes maudits troublés par une passion dévorante et tumultueuse pendant plus de deux ans ! Représentant avec Baudelaire et Apollinaire le courant symboliste, ils sont à mes yeux les plus grands de tous les temps. Difficile de choisir dans leur œuvre, difficile aussi de choisir l’un ou l’autre alors aujourd’hui il y en aura deux pour le prix d’un ! !
Ma bohème
Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ;
Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !
Mon unique culotte avait un large trou.
— Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
— Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur
Il pleure dans mon cœur
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?
Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s’ennuie,
Ô le chant de la pluie !
Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s’écœure.
Quoi ! Nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.
C’est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon cœur a tant de peine !
Ces deux géants de la poésie du XIXe siècle ne sont plus à présenter, ensemble ils ont connu les paradis artificiels, l’amour interdit. Leur histoire se terminera dans la tragédie. Rimbaud parcourra le continent africain, se compromettant dans les trafics d’armes et mourra à l’hôpital de Marseille d’une blessure au genou inguérissable, quant à Verlaine, emprisonné deux ans pour avoir tiré sur son amant, converti au catholicisme il terminera sa vie dans la misère la plus totale. La marque de leur génie tient sans doute à cette vie passionnée et hors du commun, scandaleuse pour l’époque, qui leur a fait composer une œuvre exceptionnelle.
L’invitée du dimanche