Pompidou, sors de ce corps !

Ce n’est pas la première fois que le président Emmanuel Macron revendique explicitement l’héritage de l’ancien chef de l’état, disparu il y a près de cinquante ans sans avoir quitté son poste, emporté par la maladie. Les deux hommes ont en commun un passage par la banque Rothchild, symbole aux deux époques d’un capitalisme bourgeois de bon aloi. La dernière saillie du président Macron a consisté à faire l’éloge de la « bagnole ». Comme son prédécesseur, qui assumait totalement son amour pour les grosses cylindrées, il rappelle que les Français sont très attachés à leur véhicule, à leur bagnole, dont il rappelle le nom volontairement popu, en grasseyant ce qu’il faut pour ressembler à son modèle.

Une pâle imitation de Michel Audiard destinée, je suppose, à le rendre sympathique et proche de la plèbe qu’il ne connait que de nom. Emmanuel Macron s’était déjà inspiré de Georges Pompidou en reprenant son expression de « ne pas emmerder les Français » que l’ancien président avait utilisée pour stigmatiser l’excès de lois et de règlements pas toujours nécessaires. Derrière ce slogan populiste se cache une ligne politique commune aux deux présidents : un libéralisme économique supposé résoudre tous les problèmes. Il existe néanmoins une différence de taille entre les deux époques. Les années Pompidou marquaient la fin d’une période, celles des Trente glorieuses, tandis que celles que nous vivons actuellement ont été durablement affectées par les chocs pétroliers et la disparition d’une croissance que l’on pouvait croire infinie.

Emmanuel Macron a repris une parole qu’il ne cède jamais pour très longtemps afin de présenter ce qu’il considère comme un plan d’écologie « à la française ». Malheureusement, il en va de l’écologie comme de la démocratie, elle ne supporte aucun adjectif supplémentaire sous peine d’amoindrir sa portée et son efficacité. Faute de pouvoir présenter un véritable élan susceptible d’entrainer les Français, le président a égrené un catalogue de mesures dont on ignore à peu près totalement les chances de réussite. Il a ainsi annoncé la fermeture de la centrale thermique de Cordemais pour 2027, une des deux dernières usines basées sur le charbon qui aurait déjà dû être abandonnée en… 2022 ! selon son programme de 2017. Nous devrions bientôt pouvoir commander des véhicules électriques à un prix abordable, équipés de batteries made in France, et pouvoir changer les chaudières thermiques pour des pompes à chaleur fabriquées dans l’hexagone. Quid du réchauffement climatique ? Et du développement des énergies renouvelables ? Que faire pour la ressource en eau ? Et les traitements chimiques ? Patience, le président a réponse à tout. Il suffira de programmer une grande convention citoyenne pour prendre les décisions nécessaires. Ah ! on me dit que c’est déjà fait et que rien n’a changé.